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L’affaire Dreyfus : comment la lettre "J’accuse" d’Émile Zola est entrée dans l’Histoire

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Par La Première, sur base d'un texte de Valjean via

Ce podcast de L’Heure H porte sur une affaire judiciaire et sociale parmi les plus célèbres de l’histoire de France. Alfred Dreyfus, capitaine et militaire de carrière expérimenté, se retrouve au cœur d’une tempête judiciaire. Il est accusé, puis condamné, pour des faits d’espionnage au bénéfice de l’Allemagne, vis-à-vis de laquelle les tensions sont encore très vives, depuis la perte de l’Alsace et de la Lorraine 20 ans plus tôt.

Le samedi 5 janvier 1895, à huit heures, dans la cour de l’École militaire, fondée par le roi Louis XV, tout près des Invalides, le capitaine Alfred Dreyfus, après avoir été condamné au bagne à perpétuité, en Guyane, prend part bien malgré lui à une cérémonie de toutes les humiliations : il est dégradé.

Toutes les preuves semblent accuser cet homme à la carrière pourtant sans tache jusqu’ici. Malgré le verdict, malgré les éléments à charge présentés à la Cour, lui continue de hurler son innocence. L’officier à la fine moustache doit absolument trouver le moyen de prouver son innocence.

Cette décision plonge la République dans un scandale sans précédent. L’armée, elle, est rapidement pointée du doigt. À tort, ou à raison ? Dreyfus aurait-il été condamné seulement parce qu’il est juif, au détriment du vrai coupable ?

Qui est le vrai coupable de l’affaire Dreyfus ?

Après cette cérémonie, Dreyfus doit purger sa peine. Mais deux personnes de l’entourage proche de cet ancien officier amoureux de son pays, vont se battre jusqu’au bout pour le faire réhabiliter.

L’affaire prend un nouveau tournant en mars 1896 quand le lieutenant-colonel Georges Picquart annonce une nouvelle à Lucie et Mathieu Dreyfus, l’épouse et le frère d’Alfred, qui fait l’effet d’une bombe : il a trouvé le coupable. C’est un autre officier, le commandant Esterhazy. Picquart a déjà été informer sa hiérarchie de sa découverte et celle-ci, l’a illico muté en Tunisie. Le dossier est enterré avant même d’être rouvert. Pour Picquart, il était impossible de ne pas en informer la famille Dreyfus avant son grand départ pour les terres arides du continent africain.

En janvier 1898, Bernard Lazare s’empare de l’affaire. Il donne une tribune au frère du condamné, qui ne se prive pas pour révéler le nom du vrai coupable. C’est l’explosion. L’opinion publique commence déjà à se déchirer.

Portrait d’Alfred Dreyfus
La dégradation de Dreyfus le 5 janvier 1895 après son jugement en cour martiale en 1894.

La lettre "J’accuse" d’Émile Zola au président de la République

Pour toute une partie de l’opinion, il paraît tout à fait impossible de chercher des poux à l’institution garante de la sécurité de la patrie. Et puis, Dreyfus est un bourgeois, qui plus est, juif… Cette information est une arme utilisée par l’ultra-droite pour tailler à l’officier une réputation immonde. Celle qui, au fond, déjà, dans certains milieux politiques, colle à la peau de toute une communauté. Cette opinion patriotique et antidreyfusarde est majoritaire dans le pays.

Face à eux, une poignée d’intellectuels, pour la plupart de gauche, commence à se dresser, pour aider la famille dans son combat. On les appelle les dreyfusards. Charles Péguy, classé parmi les idéalistes de droite, est l’un d’eux. Ces gens estiment que Dreyfus a été bien trop vite condamné. Et que, contrairement à ce qu’on a bien voulu faire croire, il n’a pas eu droit à un procès équitable comme le voudraient les principes mêmes de la République. Et si au départ, ils se sentent bien seuls dans leur bateau, ils seront rejoints sous peu par un navire amiral de la pensée philosophique française. Un article, plus que les autres, va entrer dans la légende : J’accuse. Publié le 13 janvier 1898 dans L’Aurore, il est signé Émile Zola. L’écrivain écrit une lettre ouverte au président de la République Félix Faure pour dénoncer les errements du système par presse interposée. Son argumentaire fait prendre un nouveau tournant à l’affaire…

Au début de l’année 1899, la France accepte de donner un deuxième procès à Dreyfus. Il va s’ouvrir, non sans heurts et rebondissements, le 3 juin 1899…

Découvrez dans ce podcast les multiples tournants de cette affaire qui a agité la France entière.

La lettre au président de la République d’Emile Zola, publiée dans L’Aurore, le 13 janvier 1899.
La lettre au président de la République d’Emile Zola, publiée dans L’Aurore, le 13 janvier 1899. © ullstein bild/ullstein bild via Getty Images

► Écoutez l’entièreté de ce récit dans le podcast ci-dessus, et bien d’autres destinées qui ont basculé à L’Heure H avec Jean-Louis Lahaye, du lundi au vendredi de 15h à 16h sur La Première et en replay sur Auvio.

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