Laboratoire Poison se déplace sur 30 ans d'histoire, de la seconde guerre mondiale au début des années 70, sur deux continents et six pays.
En juillet 1943, après avoir orchestré une vague de trahisons, la Gestapo opère une rafle. Elle démantèle le parti communiste belge. Soumis à la torture, certains ne cèdent pas. Leur résistance permet d'arrêter la chaîne des dénonciations et au parti clandestin de se reconstruire.
Un soupçon de trahison pèse sur les survivants de la torture. Pour certains acteurs, traîtres notoires ou héros dégoûtés, l'exil vers d'autres contrées géographiques (en Afrique) ou politiques (maoìsme) est l'issue : le Sud offre "une seconde chance" à celles et ceux que l'après-guerre a meurtri.e.s. Lorsqu’un groupe de résistants s’organise clandestinement, certains de ses membres engagent parfois un double jeu avec l’ennemi - qui peut le retourner à son bénéfice.
Après la guerre, ces figures historiques passent à la lutte armée en Algérie, au Congo, au Mozambique, en pleine guerre anticoloniale contre la France, la Belgique, le Portugal. Mais ces anciens résistants ne sont pas toujours du côté des indépendantistes. Comment d'anciens antifascistes européens, combattants de la liberté, ont-ils pu torturer en Algérie ou approuver le meurtre de Patrice E. Lumumba ?
Laboratoire Poison questionne : comment, à l'intérieur même des mouvements indépendantistes, peuvent exister luttes et trahisons internes ?
Brassant un chantier documentaire traversant plusieurs mouvements de résistance, Adeline Rosenstein décortique les faits, interroge la représentation des gestes et des attitudes, les interprétations que nous y projetons.
Avec un art du décalage pleinement maîtrisé elle explore les ressorts du soupçon, de la manipulation et de la trahison, cherchant les chemins d’un théâtre du dévoilement, au-delà du jugement et de la censure.
à voir aux Halles de Schaerbeek du 13 au 15 octobre
