Chèque de 100 euros, réduction de la TVA de 21% à 6% sur l’électricité durant quatre mois ou encore prolongation du tarif social étendu… Face à la hausse des prix de l’énergie, le gouvernement a annoncé un ensemble de mesures pour alléger la facture énergétique des Belges. Des mesures qui bénéficieront à de nombreuses personnes mais tous ne seront pas soulagés de la même manière.
Qui seront les réels bénéficiaires de ces mesures ? L’État aura-t-il les reins assez solides pour affronter la crise énergétique et la crise économique induite par le coronavirus ? Pour analyser la situation, Jean Hendrickx, économiste et président de l’Economic School de l’UCLouvain était l’invité de Thomas Gadisseux dans Matin Première.
Une baisse de TVA qui ne touchera pas tout le monde de la même manière
La baisse de TVA de 21% à 6% sur les factures d’électricité et ce, pour une période de quatre mois, a été actée par le gouvernement afin de toucher l’ensemble des ménages. Une mesure qui impactera donc tout le monde, peu importe si l’on se chauffe au gaz, au mazout ou à l’électricité. Néanmoins, tout le monde ne profitera pas de la même manière de l’abaissement de cette TVA : "Ça va représenter un avantage pour ceux qui ont une forte consommation d’électricité. À nouveau, cela touchera la classe moyenne inférieure plus que la classe moyenne supérieure", note l’économiste, qui rappelle que certains ménages n’ont pas forcément des factures d’électricité élevées : "Ceux qui ont une facture d’électricité qui est allégée par le recours à l’isolation ou grâce à des panneaux photovoltaïques ne gagneront pas à la baisse de la TVA. Certains d’entre eux ont déjà une facture nulle, ils produisent toute leur électricité et c’est généralement la tranche de revenus supérieurs qui est dans cette situation donc on pourrait dire qu’elle ne bénéficiera pas de ces mesures".
Le tarif social plus avantageux que le chèque de 100 euros
La réduction de 100 euros appliquée sur la facture d’électricité déconcerte l’expert, qui estime que des mesures plus ciblées auraient pu être trouvées : "C’est assez surprenant et je vous avoue que je ne comprends pas l’argumentation derrière ce chèque pour tous. L’argument d’un chèque, c’est de pouvoir cibler qui va en bénéficier, et notamment les plus bas revenus. Ici, on ne sait pas très bien d’où sort cette une espèce d’allocation universelle version miniature pour la facture d’énergie".
Par rapport au chèque de 100 euros, le tarif social a un ordre de grandeur qui est sept fois plus élevé
Pour Jean Hendrickx, l’élargissement du tarif social représente d’ailleurs une décision plus judicieuse : "Pour donner un ordre de grandeur, si vous avez le tarif normal et que vous basculez au tarif social, votre facture d’électricité ou de gaz est réduite de moitié par rapport au tarif en vigueur aujourd’hui donc c’est quand même quelque chose de significatif. Pour une facture d’électricité, cela peut représenter une réduction qui va jusqu’à 700 euros sur base annuelle. Par rapport au chèque de 100 euros, on a un ordre de grandeur qui est sept fois plus élevé".