Précisons tout d’abord que depuis quelques années à HEC-ULg, nous mettons au point une série d’outils pour analyser les évolutions sectorielles et régionales de l’activité économique en Belgique tant au niveau macroéconomique qu’au niveau des entreprises. Nous avons récemment lancé un outil en ligne gratuit à destination des entreprises belges (www.rankmycompany.com) qui nous aide à collecter des informations détaillées sur la dynamique économique et l’innovation. A partir de ces différents outils, nous pouvons établir deux constats principaux :
- Le PIB par habitant de la Flandre en 2012 est de 1,37 fois supérieur à celui de la Wallonie.
- Le taux de chômage en Flandre en 2012 est de 4,5 % de la population active contre 10 % en Wallonie. Le taux de chômage des 15 à 24 ans pour la même année s’élève à 12,8 % en Flandre et à 27,1 % en Wallonie.
Par conséquent, si l’on compare la Flandre et la Wallonie pour ces indicateurs essentiels que sont le PIB par habitant et le chômage, l’écart entre les deux régions est significatif. C’est indéniable.
Mais la question la plus importante est de savoir si cet écart s’est creusé ou bien s’est réduit au cours de la dernière décennie. En réponse à cette question, nous établissons les trois constats suivants :
- Entre 2002 et 2012, le PIB réel a cru de 15,3 % en Flandre et de 13,8 % en Wallonie. Par conséquent, les poids économiques des deux régions sont restés très stables dans le temps. Ce constat reste valable même si l’on remonte à 1995. La crise financière de 2008 ne change pas non plus ce constat.
- Entre 2002 et 2012, l’emploi a augmenté de 11 % en Wallonie et de 9,8 % en Flandre.
- Entre 2002 et 2012, les exportations (en valeur) ont augmenté de 4,9 % en moyenne annuelle en Wallonie contre 3,7 % en Flandre.
Par conséquent, l’écart ne s’est pas creusé. Oui, le taux de chômage et particulièrement le taux de chômage des personnes peu qualifiées demeurent les points noirs de la région wallonne. Mais si l’on observe les poids économiques des deux régions, on ne peut que constater leur remarquable stabilité dans le temps.
On entend si souvent, ici et là, que la Flandre serait ultra-performante et la Wallonie à la traîne. Si tel avait été le cas, nous aurions dû observer une divergence entre le poids économique de la Flandre et celui de la Wallonie au cours des 20 dernières années. Les statistiques sont pourtant formelles : tel n’a pas été le cas.
La Wallonie parvient donc à suivre, même à distance, le rythme soutenu de la Flandre.
Lionel Artige et Leif van Neuss
Lionel Artige est professeur d’Economie à HEC-Université de Liège et directeur de rankmycompany.com. Leif van Neuss est doctorant en Economie à HEC-Université de Liège.