La VRT va licencier 116 employés d’ici à 2025 et le feuilleton "Thuis" sera externalisé

La direction de la VRT propose un plan de transformation assorti du départ de plus de 200 employés.

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Par Africa Gordillo, Adeline Louvigny et Simon Bourgeois

La direction de la VRT met un nouveau plan de transformation sur la table avec moins de moyens humains puisque plus de deux cents employés passeront à la trappe d’ici à 2025, soit un dixième du personnel. Concrètement, 116 personnes seront licenciées, cinquante ne seront pas remplacées, et la production du feuilleton "Thuis" sera externalisée.

C’est la réponse de la VRT face à un "double défi", explique le CEO Frederik Delaplace : "La consommation média des Flamands qui change à une vitesse soutenue, et le défi financier. L’accord convenu avec le gouvernement flamand stipule que l’on doit économiser 25 millions d’euros d’ici 2025. Donc on doit changer l’organisation tout en économisant de l’argent."

Alors que le ministre flamand des Médias considère ce plan comme "bon et bien fondé", même s'il implique des "choix difficiles", le syndicat socialiste s'est dit "choqué", il ne s'attendait pas à des licenciements secs. Du côté des réactions des députés, on évoque un "drame social", une coupe budgétaire "amère" et une "politique de démolition", pour le PVDA.

Faire plus avec moins

Faire plus digital avec moins de moyens, "ce n’est pas un défi typique à la VRT, beaucoup de médias sont confrontés à des défis identiques. Même si on ne devait pas économiser 25 millions d’euros, on devrait quand même évoluer et s’adapter à la consommation média des Flamands."

C’est-à-dire convaincre le public jeune de la suivre alors qu’il s’éloigne de la vision "traditionnelle" des médias, en linéaire. "On doit faire partie de la consommation quotidienne média des Flamands dès le plus jeune âge", commente le CEO.

Fini d’allumer sa télévision ou sa radio et de prendre le programme en cours. Non, à l’instar d’autres médias, la VRT doit revoir sa stratégie pour atteindre ce jeune public, notamment là où il se trouve, par exemple sur les réseaux sociaux et autres plateformes.

Externaliser, licencier, former

La solution trouvée par le PDG de la VRT, Frederik Delaplace, est un plan de transformation en plusieurs points, et l’emploi en fera notamment les frais. D’ici à 2025, la VRT ne diffusera que des séries de fiction externalisées, y compris la série "Thuis" qui était toujours entièrement réalisée à Reyers (70 personnes concernées, acteurs et personnel de production).

"Thuis, c’est l’enfant le plus aimé de la VRT, mais c’est vraiment parce qu’on reconnaît son importance que l’on doit l’externaliser, précise Frederik Delaplace. On a besoin d’un partenaire qui veut et peut investir dans le soap."

Deuxièmement, la VRT compte plus se consacrer à ses productions centrées sur ses missions (émission et documentaires destinés aux consommateurs, aux jeunes et aux enfants). Ensuite, les studios seront automatisés et le personnel réduit. Enfin, la VRT compte investir 16 millions dans la formation pour préparer son personnel à ses projets multimédias, et aurait l’intention de créer trente nouveaux emplois pour les personnes ayant une expertise numérique.

La direction de la VRT a annoncé vouloir réduire ses effectifs de 2028 équivalents temps plein à 1823 d’ici à 2025. L’essentiel des licenciements sera opéré l’année prochaine. Des négociations vont à présent s’enclencher avec les syndicats.

Le "plan de transformation" est "un grand choc" pour le syndicat socialiste ACOD-CGSP, selon le délégué syndical Wies Descheemaeker. "On nous avait toujours dit que les licenciements secs étaient hors de question." On ne sait pas encore si des actions seront envisagées. "Nous interrogerons nos sympathisants dans les prochains jours et prendrons des mesures en fonction de cela."

Le média fait face à une situation économique complexe en raison, notamment, de l’accord de gestion 2020-2025 qui stipule qu’il doit fonctionner avec 25,1 millions d’euros de fonds régionaux en moins. Le gouvernement flamand a toutefois débloqué 16 millions d’euros pour financer la transition numérique de la VRT.

Une "politique de démolition" selon le PVDA

Les réactions politiques sont vite tombées suite à cette annonce.

La députée socialiste flamande Katia Segers est très critique, estimant que cette nouvelle coupe budgétaire est "très amère pour tous les employés de la VRT", et s’inquiète de la quantité de travail qui va peser sur "de moins en moins de personnes". "Entre 2014 et 2025, le nombre d’employés de la VRT diminuera de 20%. Dans le même temps, l’éventail des tâches devient de plus en plus large et complexe.

Pour la députée Groen Elisabeth Meuleman, qui est également présidente de la commission des médias au Parlement flamand, le "plan de transformation" de la VRT équivaut à un "drame social", dont elle attribue la responsabilité au gouvernement flamand et au ministre flamand des médias Benjamin Dalle. "Plus de 100 licenciements nets et 50 autres personnes qui seront non remplacées : la promesse du ministre Dalle, fin 2019, qu’il n’y aurait pas de licenciements à la VRT ne semble pas seulement avoir été des paroles creuses, il crée ainsi personnellement un drame social au sein du diffuseur public". Elle dénonce aussi la pression ainsi exercée sur le personnel restant, qui doit faire face à une charge de travail plus importante.

Le parti d’opposition PVDA a lui vivement réagit, et a pointé lui aussi du doigt le gouvernement flamand et le ministre flamand des médias. "La VRT est déjà l’un des radiodiffuseurs publics les plus efficaces d’Europe, elle nous coûte moins de deux euros par mois. Cette politique de démolition n’a qu’un seul but : donner tout l’espace aux radiodiffuseurs privés, au détriment de la VRT" a déclaré le chef du parti Jos D’Haese.

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