La voiture hybride rechargeable est-elle rentable ? On a testé et calculé

Une prise de courant qui change tout. Mais à quel prix ?

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Par Jean-Christophe Willems

Les voitures hybrides sont de plus en plus nombreuses sur nos routes, et cela ne risque pas de s’arrêter de sitôt. Mais avant de comparer leur rentabilité face aux équivalentes thermiques, encore faut-il préciser de quoi on parle. Pas question de comparer des pommes avec des poires, mais difficile aussi de comparer les types de pommes entre elles.

En hybridation, on a l’hybride légère (mild hybrid), où le moteur thermique est aidé par un tout petit élément électrique, incapable de fonctionner seul. Cela permet principalement de réduire la consommation au démarrage.

Ensuite vient l’hybride classique, popularisée par Toyota, où le moteur électrique est beaucoup plus conséquent et peut même permettre au véhicule d’évoluer seul sur une courte distance. Il se recharge au freinage.

Enfin, l’hybride rechargeable, ou plug-in, permet de rouler en tout électrique sur de plus longues distances (une soixantaine de km dans le meilleur des cas). Il faut ensuite recharger la batterie comme dans une "vraie" voiture électrique.

Dans le cadre de cette chronique, on a comparé une VW Golf eTSI (mild hybrid) à son équivalent plug-in, la eHybrid.

Différence de prix non négligeable

Entre les deux voitures, à équipement égal ou presque (les niveaux de finition ne correspondent pas et il faut composer avec de longues listes d’options), l’hybride rechargeable se paie 5 000 euros plus cher. Un sacré budget difficile à amortir. D’autant que la eTSI s’est contentée d’un très raisonnable 6,1 l/100 km. Plutôt impressionnant pour un 1 500 cc essence de 150 chevaux

Mais alors, combien consomme l’autre, la grosse hybride ? Et bien c’est impossible à dire. Sur un trajet inférieur à 50km, elle ne consomme pas une goutte. Après, quand le moteur 1 400 cc (de 150 ch aussi) se réveille, cela peut vite monter. Alors, on va parler de ce qu’on connaît le mieux : notre cas. En cinq jours et près de 300 km, nous avons consommé 1,4 l/100 km en moyenne, avec deux trajets de 85 km en grande partie autoroutiers. En supposant que l’essence soit à 1,4 euro le litre, 100 km parcourus reviennent à 8,54 euros avec la première voiture contre 1,96 pour la deuxième. La différence de prix d’achat serait effacée après 75 000 km environ. Génial, non ? Mais malheureusement, ce n’est pas tout à fait exact.

 

A peine plus de 6 litres aux 100 km. Pas mal pour une essence automatique de 150 ch
1,4 l/100 km. C'est encore mieux.

Et le coût de l’électricité dans tout ça ?

Ah, oui, on n’en a pas parlé. Parce que c’est bien de consommer peu d’essence, mais l’électricité n’est pas gratuite, à moins que votre employeur vous l’offre ou que vous ayez de bons panneaux photovoltaïques.

Reprenons notre exemple. Avec la plug-in, on a consommé en moyenne 18 kWh/ 100 km d’électricité. C’est clair, on a préféré brancher la voiture après chaque trajet, sinon ça ne sert à rien de rouler en hybride rechargeable. A 25 centimes du kilowattheure, cela nous fait 4,5 euros d’électricité tous les 100 kilomètres parcourus, si on ne roule qu’en électrique. Arrondissons à 5 euros ou même, soyons fous, à 6 euros si le moteur essence s’allume parfois. Alors là, il faudrait presque 200 000 km pour rentabiliser l’investissement. Mieux vaut envisager garder sa voiture trèèèès longtemps.

Alors, pas très rentable finalement ?

Et bien cela dépend pour qui. Revenons une fois de plus sur notre expérience. J’habite à 40 km de mon lieu de travail (oui, j’ai décidé d’écrire à la première personne du singulier). Coup de bol, la RTBF me permet de recharger gratuitement et j’ai fait installer des panneaux photovoltaïques. S’ils permettent de couvrir la demande en électricité pour la maison ET la voiture, je roulerai gratuitement pour tous les trajets domicile-travail. La voiture serait rentabilisée encore plus vite que dans le premier cas de figure, en théorie. Car dans la vraie vie, je ferai de temps en temps de longs trajets. Mais en cinq ans tout au plus, l’investissement sera rentabilisé (d’autant que le prix de l’essence risque d’augmenter).

Mais pour celui qui habite Liège et qui travaille à Bruxelles, ce seuil de rentabilité sera quasi impossible à atteindre, tout comme pour celui qui ne peut recharger fréquemment ou qui paie toutes ses recharges électriques au prix fort. D’autant que pour un particulier, il n’y a aucun avantage fiscal à rouler en hybride rechargeable. Sur nos deux Golf, les taxes étaient identiques, aussi bien à l’immatriculation qu’annuellement. Mais l’hybride rechargeable garde pour elle le silence de fonctionnement quand elle roule à l’électricité, la satisfaction de pouvoir ne rejeter aucun gaz polluant ou à effet de serre et le plaisir de profiter des 204 chevaux cumulés lorsque les deux moteurs fonctionnent de concert. Mais abuser de ce mode sport, et ce sont tous mes calculs savants qui partent en fumée (alors là oui, ça fume) en quelques instants.

Alors, à moins d’habiter à côté de chez moi et de travailler à côté de la RTBF, vous devrez malheureusement effectuer vos propres calculs. Mais ça peut en valoir la peine.

Voitures hybrides: JT 02/01/2021

Pas de prise, mais une toute petite hybridation légère quand même pour consommer moins
Pas de prise, mais une toute petite hybridation légère quand même pour consommer moins © Tous droits réservés

Mobilité : le succès croissant de l'hybride

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