La ville du futur ne sera pas entièrement souterraine, mais ce pourrait être une ville iceberg, avec une partie cachée, immergée dans la terre. L’espace se faisant rare en surface, pourquoi ne pas investir le sous-sol ? Il y a déjà des exemples très concrets. A Londres, de riches propriétaires qui se sentent un peu à l’étroit dans leur maison mitoyenne creusent sous leur propriété, pour gagner de l’espace. Les fermes urbaines se développent sur les toits mais aussi en sous-sol, comme à Londres, à Paris, ou à Bruxelles avec la champignonnière qui a trouvé place dans les caves de Cureghem en dessous des abattoirs d’Anderlecht. La Ville de Paris a lancé en 2017 un appel à projets pour investir une trentaine de lieux souterrains, et New York, après sa High Line (un parc sur une voie ferrée aérienne), s’apprête à construire sa LOWline, un vrai parc entièrement souterrain, dans une ancienne station de trolleybus (voir photo ci-dessus).
Jusque-là dans la plupart des villes, les bas-fonds servaient plutôt à cacher ce qu’on ne saurait voir : les canalisations, les métros, les parkings, les égouts, les câbles… Désormais, on envisage autrement cet espace souterrain. D’ici à 2050 près de 70% de la population vivra en ville contre 55% aujourd’hui. Il faudra donc bien trouver de l’espace tout en essayant de limiter l’étalement urbain. Tandis que les gratte-ciel s’étendent toujours plus hauts, on se tourne maintenant vers les tréfonds. Le sous-sol a l’avantage d’être disponible, juste là sous nos pieds, de conserver une température constante été comme hiver, et d’être plus résistant aux séismes par exemple.
Après le gratte-ciel, le gratte-terre
Il y a deux possibilités : réinvestir des lieux abandonnés ou en creuser de nouveaux. Dans son appel à projet, Paris avait proposé une trentaine de lieux à réinventer : d’anciennes stations de métros, des tunnels désaffectés, un ancien réservoir d’eau… Un abri antiaérien abrite la ferme de Londres. Et d’autres espaces sont amenés à se libérer : l’évolution de la mobilité va vider beaucoup de parkings, les archives, désormais digitalisées, prennent moins de place qu’avant.
Mais on peut aussi creuser : les nouvelles techniques rendent à peu près tout possible. A Mexico, un projet, plutôt utopiste celui-là, prévoit la construction d’un "earthscraper", un gratte-terre, sorte de gratte-ciel inversé, sous le Zocalo, la place principale de la capitale. 65 étages qui s’enfoncent jusqu’à 300 mètres sous le niveau du sol.