Séance VIP

"La Villa": l’impitoyable réalité des migrants dépeinte par Robert Guédiguian dans un paysage de carte postale

© CINEART

Par Elise Vander Goten via

Ce lundi dans votre Séance VIP, La Une vous emmène dans la calanque de Méjean, à Marseille. Un lieu idyllique qui, sous la focale de Robert Guédiguian, devient le théâtre d’un drame familial et social. Celui d’une fratrie, dont le père vieillissant n’est plus que l’ombre de lui-même, mais également celui des migrants qui échouent sur les côtes phocéennes, après avoir traversé la mer au péril de leur vie.

Pour de simples passants, "La Villa", c’est cette maison au charme enchanteur, dont les baies vitrées ne reflètent que les rayons du soleil et les ondes paisibles de la Méditerranée. Mais pour Angèle, Joseph et Armand, qui ont grandi entre ces quatre murs, "La Villa", c’est aussi et avant tout le lieu qui abrite bon nombre de leurs souvenirs : les bons, comme les mauvais.

Quand ils reviennent tous les trois entre ces murs, c’est donc le cœur lourd qu’ils retrouvent leur père, Maurice, devenu aphasique après une attaque. Un retour au bercail d’autant plus difficile pour Angèle, dont la fille Blanche est décédée 20 ans plus tôt en ces lieux, sous la surveillance de Maurice.

Mais alors qu’elle et ses deux frères se laissent peu à peu submerger par la mélancolie, le présent ne tarde pas à se rappeler à eux, quand Joseph et Armand découvrent la cachette de trois enfants venus d’Afrique, cherchant à échapper aux militaires qui surveillent le littoral à la recherche de migrants…

L’apogée cinématographique de Robert Guédiguian

Présenté en 2017 à la Mostra de Venise, "La Villa" s’inscrit dans la lignée des autres films de Robert Guédiguian par sa dimension politique et sociale, qui était déjà très présente dès ses premiers films, "Dernier été", "Rouge Midi" et "Ki lo sa".

Paru en 1985, ce troisième long-métrage du réalisateur est d’ailleurs le premier qu’il a tourné avec Ariane Ascaride, avec laquelle il est aujourd’hui marié, Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin. Un trio d’acteurs qu’il retrouvera par la suite dans "La Villa", ainsi que dans tous ses autres films.

Une génération qui se raconte à mots couverts

Si la thématique de l’immigration apparaît centrale dans "La Villa", Robert Guédiguian livre également avec ce film l’une des œuvres les plus intimes et personnelles de sa carrière. "Les bases de La Villa, ce sont quelques mots que je portais en moi", confie-t-il d’ailleurs, lors d’une interview accordée à la revue de cinéma "Le Rayon vert".

Car au-delà de dénoncer les injustices subies par les migrants, le réalisateur représente surtout des personnages qui, comme lui, se sentent "dépossédés de l’action politique", une fois arrivés à la soixantaine. 

"C’est quelque chose qui est assez symptomatique de ma génération", raconte-t-il. "On se dit que l’on a pu faire telle ou telle chose dans telle association, tel syndicat, mais qu’aujourd’hui, on ne sait plus trop quoi faire ni où le faire".

Une œuvre qui se veut accessible au plus grand nombre

Bien qu’il puise son inspiration de ses propres réflexions, Robert Guédiguian tient pour autant à conserver une part importante de fiction dans chacune des intrigues qu’il met en scène. "Ce n’est pas qu’un cinéma non narratif ne m’intéresse pas", explique-t-il. "C’est que je pense qu’il est inaccessible à un public large".

Comme ce fut le cas dans ses précédents films, on retrouve donc une nouvelle fois dans "La Villa" un récit présenté "au premier degré", de façon à ce qu’il puisse être lisible de tous, et à ce que même "la personne la plus défavorisée du monde puisse être à même de le comprendre".

"La Villa", à voir ce lundi 18 septembre à 22h10 sur La Une juste après "The Father", et en replay sur Auvio pendant 30 jours.

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