La villa Capricorn de Mount Kisco, véritable caverne d’Ali-Baba
Samuel Barber vit à Mount Kisco, une petite ville dans l’État de New-York, avec son compagnon Gian-Carlo Menotti, un compositeur et un librettiste italien. Ils habitent dans un beau chalet au milieu des bois. C’est la villa Capricorn. Les avis sont contrastés sur la maison. Italo Calvino, qui leur a rendu visite, à la fin des années 50, note dans son journal : "Le vrai défaut moral de Menotti et de Barber est le manque de discrimination entre le beau et l’horrible : des assiettes décorées de portraits de femmes y côtoient une lanterne magique et tout un musée des horreurs." Par contre, un certain Armand Buongiorno, qui a connu la maison quand il était enfant, dit qu’il la voyait comme un endroit magique. Que la villa semblait immense, juchée à une hauteur vertigineuse et remplie d’objets qu’il n’avait vus nulle part. Même l’arbre du patio était orné de clochettes qui tintaient au vent. Et dans toutes les pièces, des objets d’art venus du monde entier formaient une véritable caverne d’Ali-Baba. Dans cette villa qu’on appelle Capricorn, on peut aussi admirer le buste de Samuel Barber, sculpté par Marino Marini. Il y a aussi un livre d’or inauguré par Vladimir Horowitz qui s’orne de signatures prestigieuses. Et un piano long de presque 3 mètres, sur lequel a joué Serge Rachmaninov.
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La villa Capricorn, "the place to be" de la vie culturelle new-yorkaise
Samuel Barber et Gian-Carlo Menotti invitent de nombreux artistes à la villa Capricorn. Elle devient un lieu de passage obligé pour tous les acteurs de la vie culturelle new-yorkaise. Ils reçoivent des musiciens, des écrivains, des comédiens de Broadway, des vedettes du grand écran, des peintres, des sculpteurs, des danseurs. Comme l’écrit Pierre Brévignon, la modeste gare de Mount Kisco n’a jamais vu débarquer autant de sommités. On imagine l’arrivée d’un Truman Kapote de velours vêtu, comme l’écrit William Goyen, descendant avec une lenteur affectée l’escalier de la passerelle comme s’il s’attendait à être accueilli par toute la presse. Chaque week-end, on fait la fête. Et quelles fêtes ! Elles sont débridées… On accueille l’actrice Tallulah Bankhead, nue sous son manteau de vison. Et aussi Alexander Calder, Vladimir Horowitz, Aaron Copland, Yehudi Menuhin, Rudolf Noureev. Leonard Bernstein. Ladies and Gentlemen, voici la voix magnifique de Thomas Hampson. Lucky to be me… extrait de On the town de Leonard Bernstein.
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