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La vérité sur le "Requiem" de Mozart et ses reprises au 21e siècle dans le rock et le hip-hop

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Par Valentine Jongen via

Outre la Marche Turque qui s’est imposée dans la chanson française, Mozart a connu d’autres œuvres qui se sont imposées dans le répertoire populaire, à commencer par son fameux Requiem dont le film Amadeus a entretenu le mythe d’une rivalité meurtrière avec Salieri. Analyse dans Entrez Sans Frapper.

Dernier chef-d’œuvre de sa carrière, le Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart a longtemps cultivé l’imaginaire sur le contexte de sa création davantage que sur son écriture musicale. Retour sur le plus grand mythe de l’histoire de la musique classique.

Le film "Amadeus" invente une prétendue rivalité sanglante

Vienne, la nuit du 4 au 5 décembre 1791. Peu après minuit, W. A. Mozart meurt, laissant derrière lui une partition inachevée : son Requiem.

Deux siècles plus tard, en 1984, dans le film Amadeus de Milos Forman, adapté de la pièce éponyme de Peter Schaffer, cette fameuse nuit est mise en scène comme un moment ultime de composition de Mozart, assisté par Salieri. Antonio Salieri, compositeur d’origine italienne, contemporain de Mozart et également actif à la cour de Vienne est alors présenté comme son concurrent, voire son ennemi. Certaines théories vont même jusqu’à dire que Salieri aurait assassiné Mozart.

Ce qui est sûr, c’est que la dépouille de Mozart a été placée dans une tombe communautaire comme il est d’usage pour la moyenne bourgeoisie à laquelle il appartenait. Mais il n’a pas été assassiné par Salieri. Ce qui a tué Mozart c’est un ensemble de choses. Il y a d’abord, son hygiène de vie : peu avant sa mort, Mozart était en surpoids mais on sait aussi qu’il aurait eu une insuffisance rénale ou une septicémie. À l’automne 1791, Mozart est épuisé. Il vient de terminer deux opéras, La Flûte enchantée et La Clémence de Titus, et tombe malade. Il décline très vite, mais doit absolument honorer une commande anonyme pour laquelle il a déjà reçu un acompte : un Requiem. Et malgré son mauvais état de santé, travailler sur cette partition prend alors tout son sens. Mozart écrit d’ailleurs dans une lettre : "J’écris ce Requiem pour moi, je ne le sens que trop. Je n’en ai plus pour longtemps".

Le 5 décembre 1791, Mozart meurt à 35 ans sans avoir achevé ce fameux Requiem dans lequel il était tant impliqué.

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Qui a terminé la partition du "Requiem" de Mozart ?

Alors qui a terminé cette partition ? Salieri ? Dans Amadeus, c’est même lui qui est présenté comme le commanditaire de l’œuvre… Ce qui est tout à fait faux : le commanditaire du Requiem serait un certain Comte Walzeg, mélomane et musicien amateur, qui perd sa jeune épouse en février 1791 et qui passe une commande à Mozart de façon anonyme, de telle sorte qu’il pourra s’attribuer la composition de la partition, une pratique à laquelle il avait souvent recours.

Un mérite qu’il n’aura pas le temps de s’attribuer puisqu’à la mort de Mozart, sa veuve, Constance, se bat pour que le Requiem soit terminé. C’est notamment un des élèves de Mozart, Franz Xaver Süßmayr, qui s’attèle à cette tâche. Mozart avait écrit l’essentiel des voix, mais l’orchestration n’est pas terminée. Ce qui est intéressant de remarquer dans la partition de son Requiem, notamment sur le Lacrymosa, c’est que Mozart s’est inspiré de ses prédécesseurs comme par exemple Haendel, Jean-Sébastien Bach, ou ses fils.

Le "Requiem", repris et samplé dans le rock et le hip-hop

La chanteuse Amy Lee d'Evanescence au Heavy Montreal en 2019.

C’est donc de façon assez logique qu’au 21e siècle, des artistes poursuivent cette tradition en reprenant le Requiem de Mozart dans leurs chansons. En 2006, par exemple, le groupe de métal américain Evanescence enregistre une chanson intitulée Lacrymosa.

Et puis, en 2014, toujours aux États-Unis, Julian Casablancas et son groupe The Voidz sample cette même partie du Requiem de Mozart pour Human Sadness, chanson de treize minutes.

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Et puis, last but not least, un des premiers qui avait flairé le bon plan en 2001, c’est le rappeur américain Ludacris. Dans sa chanson Coming 2 America, il a non seulement samplé le Requiem de Mozart, le Dies Irae, mais il a aussi emprunté un extrait de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak.

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