De plus en plus de violences chaque année
Les violences domestiques et les féminicides restent de graves problèmes en Turquie. L’année dernière, 300 femmes ont été assassinées selon le groupe de défense des droits We Will Stop Féminicide. Un nombre qui augmenterait d’année en année.
Le 6 mars dernier, un exemple de cette violence agitait les réseaux sociaux en Turquie. Des images circulaient montrant une femme ruée de coups de pied à la tête par son ex-époux, sous le regard de leur petite fille de 5 ans hurlant de détresse.
Le même jour, une mère de famille de 26 ans était abattue par son ex-mari avec un fusil de chasse. Une situation tragiquement courante dans certains pays, dont la Turquie fait partie. La plupart des femmes victimes de ces violences les avaient signalées mais l’Etat a échoué à les protéger.
La liste des victimes s’allonge chaque année. En 2002, 22 femmes ont été tuées en Turquie, 404 en 2018, 474 en 2019 et 300 en 2020. Ce dernier chiffre semble incomplet à cause de la pandémie du coronavirus. A celui-ci viennent s’ajouter 170 femmes déclarées mortes "dans des circonstances mal éclaircies". En 18 ans, 6732 femmes ont été assassinées par des hommes de leur entourage.
Un rapport a été révélé au public le 8 mars dernier par le député d’opposition Sezgin Tanrikulu, CHP. D’après lui, la protection offerte aux victimes de violences conjugales est insuffisante. Manque de refuges, absence d’écoute, plaintes rejetées… Les violences envers les femmes tendent à se banaliser. Le député demandait au gouvernement d’appliquer au plus vite la Convention d’Istanbul. Un appel qui n’a pas été entendu, bien au contraire…
Après le retrait de la Convention, plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Istanbul et d’autres villes pour rappeler l’urgence de traité. "Annule ta décision, applique le traité !", scandaient des milliers de femmes et d’hommes. Les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles étaient écrit : "Ce sont les femmes qui gagneront cette guerre."
Une des manifestantes s’est livrée à l’agence de presse AP : "Nous nous sommes battus chaque jour pour que la Convention d’Istanbul soit implantée et que les femmes puissent vivre. On entend maintenant que ça tombe à l’eau. Aujourd’hui, nous sommes très fâchés. Nous ne pouvons plus supporter le fardeau de la mort d’une femme. Nous n’avons plus aucune tolérance pour ces actes."