Dernière méthode, et pas des moindres, pour afficher un bilan "vert" positif : faire passer le gaz pour "une énergie de la transition".
Etant donné que le gaz émet moins de CO2 que le pétrole, la firme mise sur son développement pour diminuer son impact carbone tout en continuant à augmenter le volume d’énergies fossiles qu’elle vend.
Cela est clair lorsque l’on regarde les investissements programmés pour 2022-2025 : la moitié d’entre eux seront alloués à l’exploration et à la maintenance des puits de pétrole, tandis que l’autre moitié sera dédiée à "la croissance".
Sauf qu’en allant dans le détail de ces investissements dits "de croissance", 20% d’entre eux seront consacrés au gaz et 5% à des nouvelles molécules. "Le gaz, c’est plus facile : il s’agit d’une énergie abondante" souligne Brice Lalonde, président de l’association Equilibre des énergies interviewé dans La Croix, qui poursuit : "en remplaçant toutes les centrales à charbon par des centrales à gaz, une grande partie du problème serait résolue, à condition d’arrêter les fuites de méthane".
Pourtant, les experts du Giec sont formels : il faut remplacer les énergies fossiles, dont fait partie le gaz, par des sources d’énergie bas carbone ou neutres pour espérer limiter la hausse mondiale des températures. Selon une étude de la revue Nature publiée en septembre 2021, il faudrait diminuer les productions de gaz et de pétrole de 3% par an jusqu’en 2050 pour espérer maintenir le réchauffement climatique sous la barre de 1,5 °C.
"TotalEnergies a longtemps minimisé l’importance du changement climatique.
Maxime Combes, économiste à l’Observatoire des multinationales
In fine, seul 25% du budget de TotalEnergies sera finalement investi dans les énergies renouvelables et l’électricité entre 2022 et 2025, soit quasiment autant que celui dédié aux nouveaux gisements. "Ce n’est pas à la hauteur des enjeux, estime Maxime Combes, économiste à l’Observatoire des multinationales interviewé dans La Croix, qui ajoute que "ces investissements dans les énergies propres sont une façon de donner le change à l’opinion, après que l’entreprise a longtemps minimisé l’importance du changement climatique".
Sans compter que les énergies renouvelables et l’électricité ne sont pas non plus neutres en carbone. "Le gaz s’y niche aussi, via les centrales électriques utilisant ce combustible", lit-on dans Alternatives Economiques (voir leur graphique ci-dessous dont les données proviennent de TotalEnergies).