Pourquoi avoir fait le choix d’aborder la bisexualité masculine ?
Caroline Taillet explique : " On s’est dit finalement que la Théorie du Y, ce n’était pas spécialement Anna ou le thème de la bisexualité féminine. En gardant le thème mais en changeant d’approche avec un personnage masculin, là les idées sont arrivées ". Un point de vue partagé par Martin Landmeters qui poursuit : " Du coup la bisexualité sous le point de vue d’un homme a amené aussi d’autres thématiques comme par exemple l’ouverture de couple et toutes les questions de masculinité ".
Est-ce que selon vous, la bisexualité masculine est encore taboue ?
M.L : " Pendant les deux premières saisons, on a eu l’occasion de faire des projections dans des écoles avec des débats qui suivaient la projection. Et on s’est rendu compte que quelque chose revenait très souvent : bien que la série parlait d’une femme bisexuelle (Anna), ce qui amenait souvent le débat, ce qui qui faisait réagir les jeunes, c’étaient plutôt les scènes d’intimité et d’amour entre hommes (donc avec les personnages gays des saisons 1 et 2). Alors que les moments d’intimité entre femmes passaient beaucoup facilement. On s’est rendu compte que la bisexualité du point de vue des femmes était peut-être plus " facile " à accepter par la société que la bisexualité masculine ".
Selon vous, comment expliquer ce tabou ?
C.T : " C’est lié au fait, à notre sens, que l’homophobie est peut-être encore plus accrue envers les hommes qu’envers les femmes, du coup la biphobie aussi. Et c’était important pour nous d’aller plus loin. (…) Il y a justement un dialogue dans un épisode où Gaspard demande à une lesbienne : ‘Est-ce que tu crois qu’il y a moins d’hommes bisexuels que de femmes bisexuelles ? Et elle répond : non, je pense que c’est plus tabou’. Et on s’est posé cette question du pourquoi est-ce plus tabou. Parce qu’en effet, on le voit aussi autour de nous, on connait souvent plus de femmes bisexuelles. (…) Je pense qu’une des raisons, c’est qu’un homme qui a des rapports sexuels avec un autre homme est perçu comme une plus " grande menace " aux yeux de la société ".