La TaskForce Vesdre de l’ULiège : une boîte à idées pour limiter voire éviter les inondations dans la Vallée de la Vesdre

Charlotte Delobbe est étudiante en architecture à l’U-Liège. Elle vient d’achever un travail de groupe en collaboration avec ses homologues de la KU Leuven, dans les forêts de Raeren, en amont du barrage d’Eupen ; ses recherches ont désigné l’épicéa comme l’un des coupables du gonflement des eaux de la Vesdre : " l’épicéa a des racines peu profondes, explique-t-elle, et c’est un arbre qui déteste l’eau et qui avait déjà été implanté dans un sol humide d’origine, et en plus on a une épaisseur de 20 centimètres d’argile qui fait que l’eau a encore plus de difficulté à être absorbée; tout ceci a contribué à augmenter le débit de la Vesdre dès sa source jusqu’au barrage d’Eupen." Et de poursuivre : " les fortes pluies de juillet ajoutées à un sol qui ne prend pas bien l’eau à cause des racines des épicéas et avec d’anciens drains érodés ont renforcé l’acheminement des eaux vers la Vesdre ; le groupe s’est rendu deux fois sur ce site forestier pour y rencontrer notamment un ingénieur forestier d’Eupen ; il a évoqué un plan pour l’avenir qui est de planter des feuillus, notamment du chêne car il a des racines plus profondes pour mieux absorber les eaux de pluie."

Le travail scientifique que Charlotte Delobbe vient de décrire succinctement fait partie des dizaines de travaux qui seront réalisés d’ici fin juin par les 150 étudiants inscrits à la TaskForce Vesdre de l’U Liège ; un beau succès selon Jacques Teller, professeur d’urbanisme à l’U-Liège : " il y a deux types d’objectifs pour nos étudiants : il s’agit d’apprendre à développer un projet d’urbanisme en tenant compte des réalités du changement climatique ; deuxième finalité : développer une sorte de boîte à idées qui sera utilisée par les différents bureaux d’études et par les communes qui sont aujourd’hui confrontées aux enjeux en matière de reconstruction ; cette boîte à idées va donc rassembler un certain nombre de projets à l’échelle de sites sur lesquels nous allons proposer des interventions sur les bâtiments, sur les espaces publics et les voiries."

Les travaux scientifiques des étudiants concernent 14 sites de la vallée de la Vesdre, depuis les forêts de Raeren jusqu’Angleur en passant par les lieux tragiquement inondés par les eaux en juillet, Eupen, Limbourg, Verviers, Pepinster, Trooz, Chaudfontaine et Chênée ; la Task Force s’intéresse aussi aux versants et plateaux qui l’entourent car ils sont aussi à l’origine du gonflement des eaux.

Il s’agit d’un travail de proximité car les étudiants se rendent sur le terrain pour affiner leurs recherches ; " Jeudi et vendredi, précise Jacques Teller, ils se sont rendus notamment à Pepinster ; par ailleurs les étudiants en architecture vont travailler directement avec les habitants en particulier de la commune de Trooz pour tenir compte de ce qu’ils ont vécu et de ce qu’ils imaginent pour l’avenir plus ou moins lointain."

Fin juin ou début juillet, une grande exposition rassemblera à Verviers, en un lieu encore à définir, l’ensemble des travaux des étudiants à travers des plans, des maquettes, des dessins et des supports numériques.