La Russie a commencé à légiférer pour limiter l’usage d’internet dès 2012. Les VPN ont été officiellement interdits en 2017, mais ils ont continué à être largement utilisés, précisément pour accéder aux ressources en ligne bloquées sur le territoire russe.
Le contrôle d’internet s’est encore resserré en 2022, au lendemain du déclenchement de l’offensive sur l’Ukraine. La justice a interdit les réseaux sociaux Twitter, Facebook et Instagram "pour cause d’activité extrémiste".
Moscou adoptait également à ce moment une loi punissant les "fausses informations" discréditant l’armée russe. La diffusion de fake news est punie d’une peine de 15 ans de prison, ce qui a conduit à la fermeture ou au déménagement de nombreux médias russes et étrangers.
316 médias inaccessibles
"Depuis le 24 février 2022, au moins 316 médias ont été bloqués et 36 journalistes ont été poursuivis pour leur position anti-guerre", recense l’organisation ovd-info."En raison de la censure militaire, la plupart des médias indépendants ont suspendu ou arrêté leurs activités en Russie, notamment la BBC, СNN et Bloomberg. D’autres ont déménagé ou cessé d’écrire sur la guerre. Ceux qui n’ont pas été censurés sont de plus en plus persécutés."
La censure ne s’en prend pas qu’aux médias professionnels : le groupe de défense des droits numériques Roskomsvoboda estime que les autorités ont bloqué plus de 12.200 sites en vertu de la censure militaire.
"Parallèlement à cette censure de guerre, les médias soumis au pouvoir suivent strictement la ligne éditoriale imposée par le Kremlin, relève Reporters sans frontières. Les discours de propagande fleurissent, en particulier sur les chaînes de télévision d’État les plus regardées, comme Rossiya 1 ou Perviy Kanal, qui ont élargi le temps d’antenne consacré aux émissions d’information."
L’usage des VPN a bondi depuis l’invasion de l’Ukraine
Mais une partie de la population, sans doute la plus jeune et éduquée, tente coûte que coûte de déverrouiller ce cadenassage de l’espace informationnel. Le blocage des réseaux sociaux et sites d’information a fait bondir l’usage des VPN en Russie : les téléchargements de ces programmes ont été multipliés par 10 au printemps 2022.
"Les VPN représentent probablement la plus grande faiblesse dans les tentatives de l’État russe de contrôler l’information nationale de manière omniprésente", relève le renseignement militaire britannique. Le gouvernement américain dépense d’ailleurs 3 à 4 millions de dollars par an pour un fond (baptisé Open Technology Fund) qui facilite l’usage des VPN dans le monde, au nom de la liberté d’expression.
Les autorités russes ont d’abord essayé d’effrayer les utilisateurs de VPN, en tentant un peu grossièrement de les faire passer pour des logiciels espions.