Côté russe, c’est le comportement du patron de Wagner qui soulève des interrogations. Evgueni Prigojine "dynamiteur de l’Etat russe" ne cesse de se montrer critique tant à l’égard de l’institution militaire qu’au sujet du discours officiel sur l’Ukraine. "Pour l’ancien bandit, chaque occasion est bonne pour interpeller les puissants et se mettre du côté du peuple. Peu importe, au passage s’il s’est lui-même immensément enrichi sous le règne de Poutine. Comment ne pas s’étonner du silence du président russe face aux insultes lancées contre son ministre et ami, Sergueï Choïgou, traité à plusieurs reprises – et publiquement – de salope", écrit Le Monde.
Bien entendu, pour Vladimir Poutine, rester au-dessus du jeu et laisser ses subalternes s’entredéchirer peut sembler un signe de sa force. Mais ici, souligne Le Monde, l’arbitrage ultime tarde à venir. Pour les élites, l’un des rôles du président est de garantir leur sécurité. Désormais, elles peuvent légitimement se sentir délaissées.
A noter, encore, ce matin cette colonne d’opinion publiée par The Guardian et qui s’inquiète, pas tant de la montée de l’extrême droite que de la normalisation qui semble l’accompagner. Au tournant du siècle, lorsque Jorg Haider est parvenu à se hisser au pouvoir en Autriche, Vienne et l’Europe se sont mis à manifester. L’Union européenne a formulé des sanctions. Aujourd’hui, le FPÖ, en Autriche, l’AfD, en Allemagne, le parti des Démocrates suédois, le Rassemblement national (France) ou l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni (Italie) ne semble plus étonner personne. Comment sommes-nous descendus si profondément dans la boue. Et comment ne nous en inquiétons-nous pas plus ? Aucun parti ne semble se décider à faire une ligne de fracture, ou une raison de se battre. Pour ce commentateur du Guardian, c’est terrifiant.