"Avec la révolution, nous avons vu le soleil" - 1917, c'est aussi une révolution culturelle
Les Bolchéviques voulaient élargir l'accès à l'instruction et à la culture. Une partie de l'avant-garde artistique s'est lancée dans l'aventure pour y trouver de nouveaux espaces d'expression, libérés de la censure, du conformisme et du mépris, c'est "la révolution en chantant".
La Marseillaise trouve une nouvelle jeunesse, avec des paroles réécrites, mais Lénine et les Bolchéviques préfèrent l'Internationale, qui, avec de nouvelles paroles, va devenir l'hymne du gouvernement bolchévique, puis de l'Union soviétique proclamée en 1922, et cela jusqu'en 1944.
La nouvelle démocratie naît dans les Soviets d'ouvriers et de soldats. Cette agitation sociale, politique, s'épanouit dans une véritable révolution culturelle. Une partie de l'intelligentsia et des artistes part en exil, parmi ceux qui restent, des artistes déjà connus se rallient à la révolution, comme les poètes Vladimir Maïakovski, Alexandre Blok...
Malgré les violences qui vont se déchaîner avec la guerre civile, entre fin 1917 et 1922, malgré le terrible dénuement matériel, la révolution est joyeuse, exaltée. Les gens ont l'impression qu'il entrent dans une ère nouvelle. Des ouvrières disent : "Avec la révolution, nous avons vu le soleil", et pourtant leurs conditions d'existence sont extrêmement pénibles.
Les artistes revendiquent la création d'un Ministère des Arts. Des dizaines de cafés littéraires s'ouvrent, dont celui de Maïakovski. Il proclame en 1918: "La révolution du contenu, le socialisme-anarchisme, est impensable sans la révolution de la forme : le futurisme".
Parmi les peintres, les musiciens, les écrivains,... il y a un souffle extraordinaire. L'appel aux artistes va déboucher sur la création du ProletKult, le mouvement pour la promotion de la culture prolétarienne : dans des centaines de clubs, les travailleurs s'initient à la peinture, à la sculpture, au théâtre, à la musique, au chant, et aux sports.
Les représentants de l'ancien monde sont caricaturés, le pope, le banquier, le bourgeois sont obèses et se goinfrent, le prolétaire, le garde rouge, le soldat sont musclés et élancés, la paysanne est jeune et généreuse. L'art prolétarien voit le jour.