La piste du Petit Château pour le futur grand musée de l'Immigration de Bruxelles

La piste du Petit Château pour le futur grand musée de l'Immigration de Bruxelles

© NICOLAS MAETERLINCK - BELGA

Par K. F.

Et si Bruxelles allait enfin disposer de son grand musée de l’Immigration ? Cela fait 20 ans que ce projet, souhaité par les pouvoirs publics, traîne dans les cartons. Aujourd’hui, une nouvelle porte vient de s’ouvrir : Rudi Vervoort, ministre-président bruxellois, a annoncé ce vendredi au Parlement régional qu’une piste était désormais à l’étude, celle du Petit Château, le centre d’accueil pour demandeurs d’asile géré par Fedasil, le long du canal.

Ce serait, à mes yeux, un lieu chargé de symbole

"Nous savons que le Fédéral programme la fermeture prochaine du Petit-Château en tant que centre Fedasil. Ce serait, à mes yeux, un lieu chargé de symbole concernant la migration à Bruxelles. Premier lieu d’accueil pour de nombreux migrants, symbole d’une autorité publique parfois peu accueillante", avance le ministre-président en réponse à une interpellation du député Ecolo Ahmed Mouhssin. "La transformation de cet espace ou d’une partie de ce bâtiment en un lieu qui fait le lien entre Bruxelles et son histoire liée à la migration serait, un symbole puissant."

Bruxelles, ce sont près de 180 nationalités différentes et un habitant sur trois qui n’est pas de nationalité belge. Ce sont des communautés d’origine étrangère numériquement importantes : marocaine arrivée après les accords de 1964 avec la Belgique mais aussi turque, d’Afrique subsaharienne notamment de l’ex-colonie congolaise, d’Europe de l’Est avec l’ouverture des frontières, sud-américaine plus récemment… Sans oublier les Espagnols pendant la guerre civile, les Portugais et les Italiens, des bras envoyés en Belgique dès la fin de la deuxième guerre. Suite au récent conflit en Syrie, la communauté syrienne se démarque également dans la capitale.

Un musée des migrations plutôt que de l’immigration

Ce sont toutes ces histoires que le futur musée entend exposer. "Cela étant dit, je préfère parler de projet de musée des migrations plutôt que d’un musée de l’immigration. En effet, les migrations sont des mouvements qui vont dans les deux sens. Dans une démarche muséale, il faut traiter le sujet sous tous ses angles", encadre Rudi Vervoort. "Qu’il s’agisse des flux entrants de personnes (via les accords internationaux, la fuite de pays en guerre, en famine, en détresse écologique) comme des flux sortants (via la fuite des cerveaux, les déportations en périodes sombres)."

Mais où installer ce musée ? On l’a dit : cela fait presque deux décennies que des projets sont mis sur la table, sans aboutissement. En 2002, Alain Hutchinson (PS) et Robert Delathouwer (SP.A), secrétaires d’Etat bruxellois à l’Action sociale et Rudy Demotte (PS) alors ministre de la Culture en Communauté française se rendent à New-York. Ils visitent le musée de l’immigration à Ellis Island, modèle du genre qui attire des centaines de milliers de visiteurs chaque année. A Bruxelles, des chercheurs planchent sur la question. Et au terme de toute une série de réunions, vient la conclusion: ce musée "national" verra le jour à Tour et Taxis, dans le bâtiment des Douanes. Mais faute de moyens, de volonté politique et avec des gouvernements qui changent, le projet tombe à l’eau. C’est un échec!

Le musée de l'immigration d'Ellis Island, à New York.
Le musée de l'immigration d'Ellis Island, à New York.
Le musée de l'immigration d'Ellis Island, à New York.

Régulièrement, le personnel politique remet le couvert, à la faveur d’une interpellation ou d’un accord de majorité, qui reste au stade de la promesse. En 2013, Rachid Madrane (PS), secrétaire d'Etat régional annonce vouloir un musée de l’immigration à l’horizon 2020. En 2018, la députée DéFI Fatoumata Sidibé effectue une sortie dans la presse et regrette "le manque d’intérêt politique pour ce sujet". En 2019, la déclaration de politique régionale de la nouvelle majorité PS-Ecolo-DéFi reprend l’idée. En attendant, un espace muséal privé consacré aux migrations a vu le jour à Molenbeek grâce à l’initiative de l’ASBL Le Foyer. Et récemment, un collectif annonçait dans la DH l’ouverture en 2021 d’un musée consacré à l’immigration marocaine.

La piste de la place Rogier

Alors quid du grand projet public bruxellois ? Ce vendredi matin, c’est le parlementaire Ecolo Ahmed Mouhssin qui revenait à la charge. "Plusieurs villes européennes comptent déjà un musée de l’immigration. Il est dommage que Bruxelles, capitale de l’Europe abritant 184 nationalités différentes sur son territoire, et dont l’histoire est indissociable de l’immigration, ne puisse se targuer d’avoir tel musée en son sein", regrette l’écologiste qui a pris contact avec le bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode, Emir Kir (ex-PS). But : avancer la piste de l’espace Rogier sous la place du même nom. "Un lieu vide de 300 mètres carrés, extensibles à 600 mètres carrés", note l’élu.

Désormais, tous les regards sont tournés vers le Petit Château. Le vaste bâtiment de style néo-Tudor, dont la construction remonte au milieu des années 1800, est un marqueur dans cette partie de la Région. Il a été une caserne, une prison, un centre de sélection de l’armée pour les miliciens… Avant de devenir un centre d’accueil pour réfugiés. Mais avant l’ouverture du musée, devront encore intervenir le départ de Fedasil, le rachat de l'édifice, le montage financier, le projet scientifique, la conception scénographie du musée, la demande de permis, les travaux d’aménagements… Bref, encore une histoire de quelques années.

50 ans de l'immigration marocaine en Belgique

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous