Et si Bruxelles allait enfin disposer de son grand musée de l’Immigration ? Cela fait 20 ans que ce projet, souhaité par les pouvoirs publics, traîne dans les cartons. Aujourd’hui, une nouvelle porte vient de s’ouvrir : Rudi Vervoort, ministre-président bruxellois, a annoncé ce vendredi au Parlement régional qu’une piste était désormais à l’étude, celle du Petit Château, le centre d’accueil pour demandeurs d’asile géré par Fedasil, le long du canal.
Ce serait, à mes yeux, un lieu chargé de symbole
"Nous savons que le Fédéral programme la fermeture prochaine du Petit-Château en tant que centre Fedasil. Ce serait, à mes yeux, un lieu chargé de symbole concernant la migration à Bruxelles. Premier lieu d’accueil pour de nombreux migrants, symbole d’une autorité publique parfois peu accueillante", avance le ministre-président en réponse à une interpellation du député Ecolo Ahmed Mouhssin. "La transformation de cet espace ou d’une partie de ce bâtiment en un lieu qui fait le lien entre Bruxelles et son histoire liée à la migration serait, un symbole puissant."
Bruxelles, ce sont près de 180 nationalités différentes et un habitant sur trois qui n’est pas de nationalité belge. Ce sont des communautés d’origine étrangère numériquement importantes : marocaine arrivée après les accords de 1964 avec la Belgique mais aussi turque, d’Afrique subsaharienne notamment de l’ex-colonie congolaise, d’Europe de l’Est avec l’ouverture des frontières, sud-américaine plus récemment… Sans oublier les Espagnols pendant la guerre civile, les Portugais et les Italiens, des bras envoyés en Belgique dès la fin de la deuxième guerre. Suite au récent conflit en Syrie, la communauté syrienne se démarque également dans la capitale.
Un musée des migrations plutôt que de l’immigration
Ce sont toutes ces histoires que le futur musée entend exposer. "Cela étant dit, je préfère parler de projet de musée des migrations plutôt que d’un musée de l’immigration. En effet, les migrations sont des mouvements qui vont dans les deux sens. Dans une démarche muséale, il faut traiter le sujet sous tous ses angles", encadre Rudi Vervoort. "Qu’il s’agisse des flux entrants de personnes (via les accords internationaux, la fuite de pays en guerre, en famine, en détresse écologique) comme des flux sortants (via la fuite des cerveaux, les déportations en périodes sombres)."
Mais où installer ce musée ? On l’a dit : cela fait presque deux décennies que des projets sont mis sur la table, sans aboutissement. En 2002, Alain Hutchinson (PS) et Robert Delathouwer (SP.A), secrétaires d’Etat bruxellois à l’Action sociale et Rudy Demotte (PS) alors ministre de la Culture en Communauté française se rendent à New-York. Ils visitent le musée de l’immigration à Ellis Island, modèle du genre qui attire des centaines de milliers de visiteurs chaque année. A Bruxelles, des chercheurs planchent sur la question. Et au terme de toute une série de réunions, vient la conclusion: ce musée "national" verra le jour à Tour et Taxis, dans le bâtiment des Douanes. Mais faute de moyens, de volonté politique et avec des gouvernements qui changent, le projet tombe à l’eau. C’est un échec!