Née à Paris d’un père belge et d’une mère allemande, Marie Moke est plus connue sous le nom de Madame Pleyel. Et pourtant, au-delà de son mariage avec le grand facteur de piano, Marie jouera un rôle important dans la musique notre pays !
Aujourd’hui encore, lorsque l’on évoque le nom de Marie ou de Camille Moke, nous vient à l’esprit l’histoire rocambolesque de Berlioz quittant Rome déguisé en femme, armé d’un pistolet et de son envie de mettre un terme à la vie de Marie qui vient de rompre ses fiançailles avec lui. La mère Moke, privilégiant le mariage de sa fille avec Camille Pleyel, un mariage qui s’achèvera d’ailleurs cinq ans plus tard sur un divorce.
Ceci étant, il serait dommage de résumer Marie Moke à cette unique anecdote. Heureusement l’histoire aura retenu bien d’autres choses, et notamment, les qualités de la musicienne. Car Marie est avant tout une pianiste de grand talent. Élève de Karlkbrenner, entre autres, elle se produit sur la scène du Théâtre de la Monnaie avec un concerto de la main de son professeur. Nous sommes en octobre 1825, Marie à 14 ans seulement. La presse belge est favorable à cette jeune musicienne se présentant sous le nom de Camille Moke, vantant son expression et sa précision.
La carrière de la musicienne sera inégale, alternant concerts sur les grandes scènes européennes et périodes de retrait de la vie musicale. Mais ses apparitions sont couronnées de succès et ses amitiés musicales portent le nom de Chopin, Mendelssohn et Liszt. À son sujet, Marmontel disait d’ailleurs : "Son jeu a la clarté de Kalkbrenner, la sensibilité de Chopin, l’élégance spirituelle de Herz et la verve ravissante de Liszt"
Elle triomphe en Angleterre et en Allemagne, mais c’est à Bruxelles qu’elle s’installe. En 1848, François-Joseph Fétis, lui propose d’enseigner le piano au Conservatoire et ainsi commence une longue carrière de pédagogue qui ne s’achèvera qu’en 1872 pour des raisons de santé. Bien que, du fait de la non-mixité de l’enseignement, Camille Moke enseignait aux jeunes filles, son approche musicale n’aura pas manqué d’être remarquée et Liszt d’écrire : "Il existe des pianistes très-habiles qui se sont ouvert des routes particulières, et qui obtiennent de brillants succès par les choses qui leur sont familières ; mais il n’y a qu’une seule école appropriée à l’art, dans toute son extension : c’est celle de madame Pleyel".