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La passion du cacao, une histoire vieille de plus de 5.000 ans

La passion du cacao, une histoire vieille de plus de 5.000 ans.

© limpido - Getty Images/iStockphoto

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Par RTBF TENDANCE avec AFP

Il y a 5.300 ans, les Indiens d'Amazonie étaient déjà de grands amateurs de cacao : des traces de l'or brun ont été découvertes en 2019 sur un site archéologique du sud de l'Équateur, repoussant de près de 1.500 ans la domestication du petit arbre.

La plus ancienne trace de cacao identifiée en Equateur

Sur plus de 220 échantillons de céramiques analysées, "30% contenaient du cacao. Une quantité importante qui reflète une utilisation courante", explique Claire Lanaud, généticienne du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), coauteur de l'étude. "Cela ne peut pas être le fruit d'une cueillette anecdotique dans la forêt !", ajoute la spécialiste, pour qui les Indiens devaient bel et bien cultiver le cacaoyer.

C'est la première fois que des chercheurs débusquent des traces archéologiques de l'utilisation du cacao en Amérique du Sud. Et l'une d'entre elles, découverte sur une céramique vieille de 5.300 ans, gagne le titre de "plus ancienne trace de cacao identifiée à ce jour".

La découverte a été faite sur le site archéologique de Santa Ana Florida, mis au jour en 2002 sur les versants inférieurs de la cordillère andine dans le sud de l'Équateur, une région recouverte d'une forêt tropicale fortement érodée par endroits.

Offrande funéraire et nourriture quotidienne

Les Mayo Chinchipe, qui occupaient ce site, représentent la plus ancienne civilisation amérindienne de la haute Amazonie connue à ce jour. Des restes de maisons et un site cérémoniel y subsistent, révélant une organisation sociale complexe avec un vaste réseau d'échanges interrégionaux, une architecture cérémonielle importante et le commerce d'objets prestigieux.

Comme "trois preuves valent mieux qu'une !", l'équipe internationale à l'origine de l'étude annonce avoir mis en évidence la présence de grains d'amidon caractéristiques de la plante, de traces de théobromine (un composé spécifique aux fèves mures de cacao) et d'ADN anciens de cacaoyer.

Les céramiques présentant des traces de cacao ont été découvertes dans les anciennes poubelles et les tombes du village, laissant penser que les Indiens d'Amazonie utilisaient les fèves aussi bien comme offrande funéraire que comme nourriture quotidienne.

"Comme les grains d'amidon ont été retrouvés dans des bouteilles, les Mayo Chinchipe consommaient certainement les fèves de cacao sous forme de boisson", précise Claire Lanaud. 

Mais pas de signe du chocolat chaud maison : les boissons étaient plus certainement faites à partir de simples fèves broyées, un breuvage fortement énergétique. "Nous supposons qu'ils broyaient les graines pour accéder aux graisses nutritives, aux glucides et aux ingrédients actifs tels que la théobromine et la caféine", explique Michael Blake de l'Université de la Colombie-Britannique à Vancouver, coauteur de l'étude.

Le cacao aurait voyagé de l'Amérique du Sud à l'Amérique centrale

Jusqu'en 2019, les plus anciennes traces de théobromine avaient été retrouvées en Amérique centrale sur des poteries veilles de 3.900 ans.

Mais de précédentes études génétiques laissaient déjà penser que le cacao avait été domestiqué en Amérique du Sud avant d'être introduit en Amérique centrale.

Des coquillages, tels que les spondylus et les strombus, issus de la côte Pacifique et retrouvés dans les tombes du site de Santa Ana Florida, montrent que des communications existaient entre les peuples de la côte Pacifique et ceux d'Amazonie.

"Peut-être que c'est par le biais de ces échanges commerciaux que le cacaoyer est allé de l'Amazonie à la côte Pacifique", précise Claire Lanaud.

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