La musique et la peinture sont deux arts intimement liés, qui s’inspirent très souvent l’un de l’autre. Dans de nombreux tableaux, à toutes les époques picturales, on retrouve des représentations instruments, de musiciens ou encore de partition. Si cet élément musical se retrouve moins souvent dans les tableaux, il fait souvent l’objet d’études et d’analyses approfondies pour en révéler les secrets. C’est notamment le cas pour la partition tenue par un ange dans Le Repos pendant la fuite en Égypte du Caravage.
Michelangelo Merisi da Caravaggio, plus connu sous le nom du Caravage a entretenu tout au long de sa vie un lien particulier avec la musique, qu’il étudie auprès de son protecteur le Cardinal Francesco María del Monte. Le Caravage introduit des sujets musicaux dans plusieurs de ses œuvres, dans son tableau Amor Vincit Omnia, on voit aux pieds de l’ange un luth, un violon et une partition de musique. Vers 1596, le Caravage peint également deux compositions successives sur le thème du luthiste, l’une d’elles pour le Cardinal Del Monte. Le joueur pourrait être un chanteur célèbre, peut-être Pietro Montoia, un très jeune hongre espagnol, un invité du cardinal Del Monte – comme le Caravage – et un chantre de la chapelle Sixtine. Vers 1597, Le Caravage réalise une autre œuvre dans laquelle il a introduit un élément musical, Le Repos pendant la fuite en Egypte.
Cette peinture représente un épisode du Nouveau Testament, durant lequel Joseph, Marie et l’Enfant Jésus fuient vers l’Egypte pour échapper au massacre des Innocents ordonné par Hérode. Dans ce tableau, on voit Joseph présentant une partition de musique à un ange qui joue du violon. Cette partition représenterait un motet en l’honneur de la Vierge, assimilée à l’épouse du Cantique des Cantiques, suites de poèmes et de chants d’amour entre une femme et un homme. Si les paroles de ce motet n’ont pas été retranscrites sur le tableau, les notes de la partition ont été représentées avec assez de précision pour que les spécialistes puissent identifier la partition. Il s’agit du "Quam pulchra es" de Noël Bauldewijn, compositeur flamand de la Renaissance.
Cette partition démontre la grande maîtrise picturale du Caravage, ainsi que sa connaissance de la musique.