La Nuit des écrivains : 6 faits que vous ignorez peut-être sur les auteurs invités de la 6e édition

Journaliste reconnue depuis plus de trente ans d'abord à TF1 puis sur LCI à la création  de laquelle elle a participé, puis sur CNews, Hélène Devynck a gagné récemment une notoriété dont elle se serait bien passée. Suite au dépôt de plainte pour viol de l'écrivaine Florence Porcel contre Patrick Poivre d'Arvor début 2021, la journaliste décide de la soutenir et révèle à son tour avoir été victime du journaliste dont elle a été  l'assistante entre 1991 et 1993. "Raconter une humiliation violente au monde entier, en tout cas à tout son monde, n'est ni un idéal de publicité ni une promesse de sérénité".

Faute d'avoir été entendue par la justice comme trente autres femmes dans son cas, Hélène Devynck vient de sortir Impunité au Seuil, où elle raconte le parcours et l'histoire de ces femmes et dénonce un système criminel où "la présomption d’innocence des agresseurs n’est tempérée par aucun crédit de véracité pour les victimes".

On ne présente plus David Van Reybrouck, un des grands humanistes flamands contemporains. A la fois, essayiste, historien, archéologue, romancier, poète, il s'est fait connaitre du grand public avec Congo, une histoire paru chez Actes Sud en 2012. Lauréat du Prix Médicis essai, ce philosophe de formation a donné ses lettres de noblesse à la non-fiction littéraire en humanisant une histoire souvent abstraite grâce à des centaines de témoignages d'anonymes confrontés à l'Histoire. Cette année, il revient avec Révolusi, L'Indonésie et la naissance du monde moderne basé à nouveau sur les témoignages de centaines d'anonymes.

Il avoue avoir fait plus de 1000 interviews dans sa vie car l'auteur est profondément convaincu que tout le monde a quelque chose à dire et pas seulement les généraux et les chefs d'entreprise. Cette démarche est d'ailleurs également au centre de son travail démocratique car il estime que la politique est trop importante pour être laissée uniquement aux hommes politiques.

Elle n'a pas encore trente ans mais a déjà exploré différents sillons artistiques. Fille de la philosophe et psychanalyste, Anne Defourmantelle, décédée tragiquement en juillet 2017 en sauvant des enfants de la noyade, Clara Ysé s'est d'abord tournée vers la musique comme vers un langage qui soigne, un talisman du côté de la vie pour articuler sa douleur. C'est que la musique, elle connait ! Elle apprend le violon depuis ses quatre ans, prend des cours particuliers de chant lyrique pendant dix ans. Elle s'en détourne finalement, refusant de se cantonner à l'interprétation alors que la composition et l'écriture la tentent.

A la sortie de son premier EP Le monde s'est dédoublé, certains l'ont comparée à Barbara ou Catherine Singer. Rien que ça ! Depuis, elle s'est essayée à l'écriture avec Mise à feu paru chez Grasset, un livre empreint du réalisme magique sud-américain dans lequel sa nounou l'a baignée pendant son enfance.

L'une, Clara Ysé, est née quand l'autre, Ariane Le Fort a commencé à écrire. Trente ans d'écriture et huit romans dont Beau-Fils couronné par le Prix Rossel en 2003, où il est question d'amour, d'amitié, des sinuosités de l'âme humaine. Car l'humain, c'est ce qui intéresse le plus l'autrice qui a besoin d'écrire pour comprendre ce qui l'entoure. Alors, elle décortique, analyse, explore les nuances car pour elle "plus on est dans le détail, plus on est fédérateur". "En réalité, je ne suis pas une théoricienne, la vie est un brouillon et la littérature permet de l'arranger un peu, de mettre les choses au net, de tirer sur tous les fils intéressants et de voir ce que ça aurait pu donner".

Ariane Le Fort a publié au printemps dernier Quand les gens dorment chez Onlit éditions.

Écrivain français d'origine martiniquaise, lauréat du Prix Goncourt en 1992 pour Texaco (Gallimard) où il raconte la vie de Martiniquais sur trois générations, Patrick Chamoiseau n'a cessé d'explorer la créolité et l'oralité dans tous ses écrits que ce soit des contes, des essais, des BD ou des livres pour enfants. Il a aussi écrit pour le théâtre et pour le cinéma.

Depuis la Martinique, il milite ainsi pour la reconnaissance non seulement du créole mais de la culture dont le créole est le symbole. 

En 1989, il rédige "L'éloge de la créolité" avec Jean Bernabé et Raphaël Confiant et prône une nouvelle conception du monde qui serait fondée sur l’ouverture des cultures, la protection des imaginaires des peuples menacés par la mondialisation.

En 2021, il a publié Le Conteur, la Nuit et le Panier au Seuil.

Qu'on se le dise, Emmanuelle Bayamack-Tam déteste les classifications. Les cases, très peu pour elle. En une quinzaine de romans et de pièces de théâtre, elle n'a cessé de s'intéresser aux vies en marge, à ceux qui s'affranchissent de toute normativité en mettant en scène des personnages hors normes, non-binaires, des transgenres. Un intérêt qui trouve son origine dans son enfance. Quand elle était petite, on l'a "laissée être un garçon pendant quelques années et ce flottement a été source d'euphorie pour moi". Dans son dernier livre La Treizième heure (P.O.L), elle redonne vie au personnage central d'Arcadie (P.O.L) pour lequel elle avait reçu le Prix du Livre Inter en 2019.

La romancière publie aussi sous le pseudo de Rebecca Lighieri des livres noirs, plus violents où elle se permet plus de liberté encore dont Il est des hommes qui se perdront toujours (P.O.L)