Climat

La "neutralité carbone", ça veut dire quoi exactement ?

La question du jour d'Arnaud Ruyssen

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Vous l’avez peut-être remarqué, lorsque les pays de l’Union européenne parlent de leurs objectifs à l’horizon 2050, ils parlent de "neutralité carbone" plutôt que de "zéro carbone". Pourquoi ce choix de mots ? Que recouvre précisément ce terme de neutralité ? Déclic a tenté d’y voir clair.

Un solde d’émissions nettes égal à zéro

Pour faire simple, si on parle de "neutralité carbone", c’est parce que l’on ne va pas réussir à amener nos émissions de CO2 au zéro complet, en 2050. L’idée est donc de compenser le peu de CO2 qui sera toujours émis dans 30 ans en favorisant et en développant des captations naturelles et artificielles de carbone pour qu’au final le solde (entre le CO2 qui sera toujours émis et celui qu’on parviendra à capturer) soit égal à zéro.


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Pourquoi le zéro carbone n’est-il pas possible ?

Si les Européens ont choisi cet objectif de neutralité plutôt que la suppression pure et simple des émissions de carbone par l’homme, c’est parce qu’il est impossible pour certains secteurs de continuer à fonctionner sans émettre au moins un peu de CO2.

"C’est le cas en particulier de l’industrie de l’acier, de l’industrie de fabrication de la chaux ou du ciment", explique Jérôme Meessen, consultant de la société Climact (qui conseille les pouvoirs publics sur cette question); "c’est le cas aussi de l’agriculture ! A moins que l’on ne consomme plus aucun gramme de viande en Belgique demain, le secteur agricole va continuer à émettre des gaz à effet de serre, en particulier à cause des effluents d’élevage". Voilà pourquoi il va falloir, en proportion, aller piéger ce carbone résiduel quelque part.


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Et comment fait-on pour capturer du carbone ?

Pour compenser ces émissions incompressibles, les plans du GIEC et des différents états envisagent de capturer du carbone par divers moyens.

  • Grâce aux forêts et aux prairies.  Aujourd’hui, les forêts belges captent environ 1 million de tonnes de CO2 par an. "En plantant davantage de surface, explique encore Jérôme Meessen, en gérant la forêt différemment, en remplaçant certaines cultures par des prairies ou des bois on pourrait aller jusqu’à 4 millions de tonnes capturées annuellement via la végétation (arbres, plantes, prairies…)".
  • En allant restocker du carbone dans nos sous-sols géologiques. C’est une technique qui est encore en phase expérimentale et qui pose beaucoup de questions.  n Belgique on pourrait aller piéger du CO2 dans les anciennes mines de charbon, par exemple, mais cela pose des questions au niveau des risques et le potentiel en Belgique n’est pas gigantesque.
  • En recyclant le carbone à la sortie des cheminées des usines. C’est un domaine où les recherches avancent vite, l’idée est de récupérer le CO2 directement après son émission par les industries et de le retransformer en source énergétique utilisable pour ces mêmes industries, de manière à créer une sorte de "cycle neutre".  
  • D’autres recherches sont également en cours pour "inerter" du carbone (le retransformer en un minéral inerte), pour aller stocker du carbone dans le fond des océans (ce qui pose d’énormes questions en matière de biodiversité et de perturbation des fonds marins…) mais beaucoup de ces pistes ne sont pas encore matures technologiquement.

Quel volume pourra-t-on capturer ?

Quoi qu’il en soit, l’enjeu de la capture du carbone n’aura qu’un potentiel limité pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Dans les scénarios étudiés par la société Climact, la Belgique peut espérer - en fonction des choix technologiques qu’elle pose – capturer annuellement entre 7 et 11 millions de tonnes à l’horizon 2050. 

Or en 2019 (derniers chiffres disponibles), notre pays émettait toujours 114 millions de tonnes de CO2 par an.

Projection des efforts à réaliser d'ici 2050
Projection des efforts à réaliser d'ici 2050 © Climact

La toute grosse majorité de l’effort devra donc porter sur les émissions. Il faudra les réduire de 90 à 95 % d’ici 2050, pour parvenir à cet objectif de neutralité carbone que les européens se sont eux-mêmes fixés.

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