Un plan au relents racistes ?
Irène Zeilinger déclare qu'elle "a pu jeter un coup d’œil sur la version actuelle" de ce plan interfédéral pour lutter contre l'homophobie. Et il y apparaît que ce n'est "pas une approche globale, mais juste une collection de ce que toutes les entités fédérées et le gouvernement fédéral vont faire mais sans coordination entre tout ça".
Elle va même plus loin en affirmant que ce "plan est basé sur des informations qui sont représentées de manière biaisée. Par exemple, tout ce qui est recherche académique sur les question d'homophobie, transphobie, est clairement instrumentalisée à des fins partisanes".
"Dans un communiqué de presse, Zuhal Demir met en avant la soi-disant plus grande homophobie chez les musulmans comme le grand problème, mais ne parle pas de l'homophobie plus grande chez les hommes et les gens de droite. Donc, cela pose problème car elle vise une communauté sous prétexte d'aider une autre communauté", explique Irène Zeilinger.
Concrètement, il y a des relents racistes dans ce plan, selon elle. "A plusieurs reprises, on revient avec le fait qu'il faut faire de la sensibilisation dans la communauté musulmane puisque le problème serait plus important dans cette communauté. Ce qui fait qu'on ne parle pas du tout des autres communautés religieuses. La communauté juive, par exemple, n'apparaît pas une seule fois, ni les hindous ni les bouddhistes, etc". Quant aux catholiques, "on ne parle pas de catholiques mais de chrétiens. Catholiques et protestants sont donc dans le même panier".
Et de conclure qu'il s'agit d'une manière de faire qui s'inscrit "pile poil" dans "la politique anti-migratoire raciste du gouvernement fédéral".
Un manque d'approche préventive
Si Irène Zeilinger reconnaît qu'en Belgique il y a un cadre législatif qui protège les homosexuels, "sur le terrain", dit-elle, "il manque une approche préventive".
"Dans le plan interfédéral, par exemple, il y a X mesures de sensibilisation. Mais pour le moment, il n'y a aucune preuve que la sensibilisation ait un effet préventif", autrement dit que cela diminue réellement les discriminations, les violences.
"Si on veut vraiment lutter contre les discriminations et les violences, il faudrait des activités préventives qui s'attaquent aux facteurs de vulnérabilité, aux facteurs protecteurs, aux facteurs de préjugés, et qui considère les critères de discrimination dans leur ensemble".
La Belgian Pride est-elle encore nécessaire ?
A titre personnel, Irène Zeilinger avoue s'interroger depuis quelques années déjà sur l'utilité de cette "Belgian Pride" : "Est-ce que c'est juste un carnaval, une grande fête ou vraiment il y a encore un message politique derrière ?". "J'ai plus l’impression que l'on essaie de faire avancer l'agenda politique...".
A la question de savoir si cette manifestation renforce l'homophobie, elle répond que c'est "la médiatisation qui reste toujours très fort dans le cliché et qui peut y contribuer".