A l’époque baroque, l’art des castrats est très apprécié. Naples voit naître l’un des chanteurs les plus célèbres de tous les temps, Carlo Broschi, que l’on connaît surtout sous le nom de Farinelli.
Son talent est jugé comme absolument incroyable, même par ses rivaux. On dit qu’il transporte les auditeurs dans un état proche de la folie, par la beauté de son chant et l’étendue de sa voix. On dit aussi que le roi d’Espagne, Philippe Vle, le convoquera pour essayer de le guérir de l’état de neurasthénie où il se trouve. Farinelli doit, par son chant, amener le roi alité à se lever pendant le temps qu’il faut pour régler les affaires d’Etat. La Légende raconte que cela fonctionne et que Farinelli chante tous les jours pour le roi, de minuit à quatre heures du matin…
Farinelli représente un cas unique dans l’histoire des castrats : il est issu de la noblesse alors que la plupart des castrats viennent de l’arrière-pays napolitain, d’une grande pauvreté. Des parents miséreux et surtout sans scrupule font de leurs fils de petits castrats dans l’espoir d’en faire une source de revenus. Voici ce qu’écrit un certain Stefano Arteaga en 1783 à propos de l’art des castrats : "L’art d’exprimer les gradations les plus ténues, de différencier le son de la façon la plus subtile, de faire sentir les nuances les plus impalpables, d’enchaîner, suspendre, augmenter ou diminuer sa voix ; la vitesse, la fougue, la force, les dénouements inattendus, … Le style raffiné, précieux, recherché, policé, l’expression des plus douces passions poussée à un degré de vérité suprême, sont autant de miracles produits par le ciel d’Italie, et que peu de chanteurs encore en vie pratiquent à la perfection."
Encore faut-il voir si cet avis est partagé par les centaines de milliers de garçons qui ont été les victimes de ces mutilations…