Belgique

La ministre Désir justifie l’absence de masque pour les élèves de primaire : c’est aux adultes de se protéger

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Par Jean-François Noulet

Caroline Désir, la ministre de l’Education en Fédération Wallonie-Bruxelles était l’invitée de Jeudi en Prime, sur la Une, après le Journal Télévisé. Au lendemain du Comité de concertation, elle est revenue sur la situation dans les écoles, sur la question du port du masque en classe et sur la gestion de la crise sanitaire.

Pas de masque pour les élèves du primaire. C’était ce que voulait la Fédération Wallonie-Bruxelles

Mercredi, le Comité de concertation a décidé que les enfants devraient, à partir de l’âge de 10 ans, porter le masque à l’intérieur. Il a cependant fait une exception : l’école. Le niveau fédéral n’impose pas aux enfants de 5e et 6e primaire de porter le masque en classe. Il laisse le soin aux Communautés de le décider ou pas.

La Fédération Wallonie-Bruxelles ne souhaite pas "masquer" les élèves de 5e et 6e primaire. Avant le Comité de concertation, les experts scientifiques du GEMS avaient préconisé le port du masque pour les enfants, dès l’âge de 9 ans. "Depuis le début de la pandémie, il n’y a pas de consensus scientifique sur cette question du port du masque chez les enfants de moins de 12 ans", répond Caroline Désir, la ministre de l’Education en Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est pour cela, rappelle la ministre, que du côté francophone, à l’exception de deux jours avant Pâques, on n’a jamais imposé cette mesure chez les enfants de primaire.

En matière de port du masque chez les enfants, la ministre souligne qu’il y a énormément de pratiques différentes, selon les pays. Certains l’imposent dès 2 ans, d’autres 6 ans ou encore 12 ans. "Ce sont des choix de société, des choix politiques", résume la ministre.

Pour justifier le choix de la Fédération Wallonie-Bruxelles de ne pas masquer les enfants de primaire, la ministre avance deux raisons. D’abord le fait que le masque n’est efficace contre l’épidémie que s’il est bien porté. "Or on sait que c’est extrêmement difficile pour la plupart des enfants de porter un masque convenablement pendant huit heures d’affilée, sans le toucher, l’enlever, jouer avec, etc", argumente la ministre. La deuxième raison, ce sont les inconvénients au port du masque. "Les enfants français (qui portent le masque dès 6 ans) ont été interrogés. Il y a plus de la moitié des enfants français qui se plaignent de maux de tête persistants. Cela occasionne des troubles de l’apprentissage et de la concentration", ajoute la ministre.

 

Les règles sont différentes au Nord et au Sud du pays pour les enfants du même âge

En Flandre, il a déjà été décidé que les enfants porteraient le masque en classe en 5e et 6e primaire. Comment expliquer que ce qui est considéré comme "bien" pour un enfant au Nord du pays ne le soit pas au Sud ?

"Depuis l’année passée, on n’a pas les mêmes mesures du côté flamand et du côté francophone sur cette question", reconnaît la ministre francophone de l’Education. "L’Enseignement est communautarisé. Ce n’est pas pour ça que l’un fait convenablement et l’autre pas convenablement", poursuit Caroline Désir. "Il n’y a pas eu de vrai décrochage des chiffres en Flandre ou en francophonie à cause de ça", ajoute-t-elle.

Cette vision différente entre la Flandre et la Wallonie sur la question du masque à l’école passe aussi mal du côté du ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke. Mercredi soir à la VRT, celui-ci trouvait dommage que du côté francophone on ne privilégie pas le port du masque en classe, au risque de multiplier les quarantaines et fermetures de classes.

Les critiques du ministre Vandenbroucke ? "Une caricature"

Des propos que la ministre Désir qualifie de "très durs". Elle appelle au respect. "On n’est pas tout à coup des illuminés parce qu’on décide de ne pas imposer des mesures plus dures que ce qu’on a toujours fait pendant les autres vagues de la pandémie alors que maintenant on a une arme supplémentaire qui est le vaccin pour tous ces adultes qui entourent les enfants", réagit Caroline Désir.

La ministre rappelle que "les enfants ne souffrent toujours pas de formes graves du Covid et que le variant Delta n’a pas changé la donne". En résumé, pour elle, "c’est aux adultes de se protéger".

Quant aux quarantaines dans les écoles francophones, objet des critiques du ministre Vandenbroucke, "c’est une caricature", répond Caroline Désir. "Aujourd’hui la situation, ce n’est pas le chaos dans nos écoles. On a sept fois moins de mises en quarantaine que l’année passée", ajoute-t-elle.

Pour Caroline Désir, "il y a une vraie volonté du côté du ministre Vandenbroucke et du côté des experts flamands de nous imposer cette obligation du port du masque. Cela fait des semaines que ça dure. On a déjà eu des débats au mois de mars", explique la ministre. "Ils n’aiment pas qu’on ne suive pas leur opinion", conclut la ministre.

Pour elle, "c’est d’abord aux adultes à se vacciner, à porter le masque et à appliquer les mesures de télétravail pour permettre aussi aux enfants d’avoir un développement normal".

Un budget pour des détecteurs de Co2 dans les classes

L’aération des locaux et la ventilation de ceux-ci sont des mesures efficaces pour limiter la propagation du virus. Mesurer le taux de Co2 à l’intérieur d’un local permet de savoir quand il est temps d’aérer.

Le Comité de concertation a demandé de généraliser l’usage des appareils de mesure du Co2 dans les écoles. Du côté flamand, le ministre de l’Enseignement a promis que chaque classe serait équipée d’un détecteur de Co2. Du côté francophone, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles vient de débloquer un budget de 3 millions d’euros pour mettre en place des détecteurs de ce type dans les écoles.

Il s’agira d’une aide forfaitaire. "On va mettre un forfait par local qui devra être équipé. On va donner une subvention aux pouvoirs organisateurs pour qu’ils puissent équiper les écoles", explique la ministre de l’Education.

Et la vaccination ? Une solution pour l’école ?

Alors que la vaccination continue d’alimenter les discussions et les réflexions, qu’en pense la ministre de l’Education ?

À plusieurs reprises lors de l’interview, la ministre Désir est revenue sur l’intérêt de la vaccination comme moyen de protection pour les adultes. C’est aux adultes de se protéger, avant tout et pas, par exemple, aux enfants de primaire de porter le masque en classe, pour résumer le point de vue de la ministre. Pour elle, la troisième dose est prometteuse.

Quant à la vaccination des enfants, "on attend encore toujours des avis", répond la ministre. "Les pédiatres sont divisés et je n’ai pas encore d’avis", ajoute Caroline Désir. Pour elle, il faut "d’abord protéger les plus vulnérable". Donc, "la question de la troisième dose et de la vaccination des adultes est primordiale", poursuit la ministre. "Si la vaccination des enfants est permise dans les prochains jours, il faudra laisser le choix aux parents", ajoute la ministre. "C’est un choix pas évident", conclut-elle.

 

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