Jolie idée de thématique : plutôt que d’évoquer un compositeur ou une illustre voix de l’époque, Adèle Charvet a choisi de constituer le programme de son nouveau disque autour d’un lieu, le Teatro Sant’Angelo. On sait que l’essor de l’opéra au XVIIe siècle passa par l’ouverture et le développement, particulièrement à Venise, de théâtres "commerciaux" qui s’y consacraient entièrement et qui ouvraient leurs portes au grand public : le nouveau genre en vogue n’était donc plus réservé aux seuls puissants qui organisaient des représentations dans leurs palais. Parmi ces théâtres vénitiens, le Sant’Angelo, ouvert en 1677 sur le Campo du même nom, s’imposa comme le lieu alternatif au Teatro San Giovanni Crisostomo, prisé par la noblesse vénitienne. On pouvait y voir des pièces souvent spectaculaires, avec des décors signés notamment de Bernardo Canal et de son fils, le fameux peintre Canaletto.
Cinq compositeurs dont un seul grand nom, quinze extraits d’opéras dont douze enregistrés en première mondiale, Adèle Charvet propose ici un florilège des ouvrages que l’on put entendre au Sant’Angelo au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles: quelques Vivaldi, bien sûr (L’Olimpiade, Andromeda, Arsilda ou La Verita in cimento) mais aussi des œuvres signées de Michelangelo Gasparini, Fortunato Chelleri, Giovanni Alberto Ristori ou Giovanni Porta. Joliment accompagnée par l’ensemble Le Consort (mené par Théotime Langlois de Swarte et Justin Taylor), la voix de la mezzo-soprano française y évolue avec une aisance enthousiaste.
CD Alpha/Outhere