La météo devient-elle folle ? (Ed. Du Rocher) est à la fois un livre historique et scientifique, qui cherche à rétablir la vérité sur le réel impact du réchauffement climatique sur l’évolution des phénomènes météorologiques.
Loin d’être dans le catastrophisme ambiant, et sans nier la problématique du réchauffement climatique, Chloé Nabédian remet les pendules à l’heure sur certains de ces phénomènes, en rappelant à quel point ils ont toujours existé, à quel point ils ont été souvent observés. Ils font partie de la météorologie normale de notre époque.
La mémoire de l’homme sur ces phénomènes météo est courte et on a toujours tendance à penser qu’un phénomène est extraordinaire, alors qu’il s’est déjà produit maintes fois précédemment et se reproduira encore. Chloé Nabédian a été étonnée par exemple d’apprendre que les tempêtes étaient beaucoup plus nombreuses au siècle dernier, que le réchauffement climatique pourrait même les faire régresser et perdre de leur intensité, contrairement à ce que l’on pense généralement. Certains phénomènes se répéteront peut-être plus, tandis que d’autres disparaîtront à l’avenir.
Quand la météo influence l’Histoire
Les récits du passé montrent bien à quel point ces phénomènes météo ont toujours fait partie de notre histoire. Ils ont même fait basculer l’histoire bon nombre de fois. C’est dans les moments de conflits et de guerres que ce sont le plus développés la science et la météorologie. La météo a été utilisée comme outil stratégique au moment de la guerre de Crimée déjà, puis lors de la Grande Guerre, où on a analysé le grand froid pour essayer d’en protéger les soldats.
La Seconde Guerre Mondiale a vu l’émergence de cette science, en particulier avec la guerre météorologique de l’Atlantique Nord, entre les Alliés et les Nazis, où ils allaient bombarder les stations météo du Groenland et de l’Islande. De nombreux phénomènes océaniques naissaient dans ces régions et ceux qui avaient la connaissance du terrain pouvaient faire basculer les choses.
C’est ce qui s’est passé avec le Débarquement en Normandie, le 6 juin 1944. Les prévisionnistes alliés avaient réussi, en utilisant l’information d’une station météo au Groenland, à avoir cette fenêtre de tir de 36 heures qui avait totalement échappé aux Allemands. On connaît la suite de l’histoire.
Prévoir les cataclysmes naturels
La météo nous touche au plus profond de nous-mêmes, d’un côté par son côté à la fois exceptionnel et fascinant, et de l’autre par notre fragilité par rapport à la nature, qui reprend toujours ses droits. Quand la maison, ce lieu où l’on se sent le plus en sécurité au monde, est attaquée par ces phénomènes qui les soufflent ou les inondent, on se sent démuni. Chloé Nabédian aborde dans son livre les solutions qui existent au niveau de l’architecture et de l’urbanisme.
Mais il ne faut pas attendre que les catastrophes surviennent pour prendre des mesures. Il faut tirer des leçons des phénomènes qui nous ont touchés. Le dernier rapport du GIEC parle d’une prévision d’un milliard de réfugiés climatiques, rien qu’à cause de la montée des eaux. Des centaines de milliards d’euros seront nécessaires pour s’en protéger, pour construire des digues, et ce seront les plus riches qui pourront le faire, un fossé énorme va donc se creuser. Ce seront les populations les plus pauvres qui seront impactées. Il est urgent d’agir sur ce problème.
Se protéger des canicules
Les canicules sont un sujet de conversation inépuisable. Entre 1947 et 1980, il y a eu 7 épisodes caniculaires, entre 1980 et aujourd’hui, il y en a eu 16. En 2050, il y en aurait 2 fois plus et d’ici 2100, ils pourraient être plus fréquents, plus intenses, plus précoces.
Les canicules ont un impact direct sur notre santé, en particulier dans les villes, ces îlots de chaleur urbains. On pourrait atteindre une différence de 10° entre les villes et les campagnes. Les villes sont donc obligées de se transformer, de repenser leurs bâtiments, de débitumer pour éviter cet effet de radiateur en fonte, de replanter de la végétation, de l’herbe, des arbres, pour absorber un maximum de CO2 et bénéficier de plus d’oxygène et de fraîcheur. De nombreux maires sont acteurs de cette transformation, là où l’Etat est parfois déficient. L’adaptation est en cours mais doit s’accélérer.
L’avenir de la météo
La météo n’est pas encore une science exacte, elle est toujours en recherche. Aujourd’hui, à 24 heures, on a un taux de fiabilité de 90%. Cela s’explique par le fait que les cartes météo doivent être très générales, alors qu’il y a parfois des différences locales très importantes : la géographie du lieu, la topographie, le bâti, le relief, le micro-climat peuvent jouer un rôle.
L’avancée est énorme : aujourd’hui on fait des prévisions à 5 jours, alors qu’il y a 20 ans c’était à 3 jours. Les prévisions météo sont en amélioration constante, les recherches sont intenses et font l’objet d’une collaboration internationale.
Chloé Nabédian nous parle aussi de ces chasseurs de phénomènes météorologiques, qui prennent des risques pour étudier les cyclones ou les orages. Écoutez-la ici