Dans ce métier, il faut trouver des subterfuges pour tromper l’ennui mais aussi pour avoir l’air d’être au travail alors qu’on ne fait pas grand-chose. On n’a pas le droit de s’accouder par exemple, sinon on n’a pas l’air de travailler. Serait-ce donc un métier de comédien ? "Oui, c’est un métier de façade, parce que même la surveillance de ces musées, la présence de ces agents, c’est un leurre complet. C’est une espèce de spectacle qu’ils jouent toute la journée".
Plutôt que d’aller dans l’analyse psychologique des personnages, Stéphane Guyon s’est attaché à ce qu’il se passe au niveau de leurs sensations, au niveau de leur corps, à force d’être debout toute la journée. "Et toujours cette façade à conserver, quand il y a un chef d’équipe qui passe, d’avoir l’air au travail, de feindre sans arrêt le travail".
On redevient des enfants, observe-t-il. Comme dans une classe où les élèves décrochent parfois et doivent feindre ensuite d’avoir suivi.
"Certains agents ont besoin d’y croire, de ne pas simplement feindre, mais de se plonger entièrement dans la tâche absurde qu’on leur demande d’accomplir. Puis petit à petit, cela finit par se craqueler quand même, pour certains agents qui prennent la liberté de sortir un journal et de lire pendant deux minutes, parce qu’il y a une chaise qui est juste là et que finalement, d’être debout ou assis, ça ne changera pas la donne sur la tâche qu’ils ont à accomplir".