Depuis l'asile où elle mourut, Camille Claudel se languissait de son village d'enfance de l'Aisne, "ce joli Villeneuve qui n'a rien de pareil sur terre". Une maison d'évocation y ouvre samedi, consacrée à cet univers qui a inspiré l'œuvre de la sculptrice et de son frère écrivain Paul.
"Ils ont été marqués par leur pays natal. On essaie de comprendre comment leur imaginaire s'est développé ici", explique à l'AFP son conservateur Thomas Morel, qui a conçu la rénovation du presbytère où est né l'auteur du "Soulier de Satin".
C'est dans cette petite maison de Villeneuve-sur-Fère, donnant sur le cimetière où sont enterrés leurs parents et grands-parents, que Camille (1864-1943) et Paul (1868-1955) ont vécu les premières années de leur vie. Une fois partis pour Nogent-sur-Seine (Aube), puis pour Paris, ils reviendront de temps à autre dans ce village de 250 habitants situé à une cinquantaine de km à l'ouest de Reims. Camille y est allée avec Auguste Rodin, et pendant des grands moments de difficultés psychologiques; Paul, qui se définissait comme "à la fois un voyageur et un enraciné", y est revenu tout au long de sa vie.
Photos d'atelier où a travaillé la sculptrice; aquarelles de Jacques Thévenet de 1955 représentant le dramaturge sur scène; aquarelles japonaises sur lesquelles le diplomate a composé ses propres "haïku": le visiteur marche dans les pas des frère et sœur. "On a voulu montrer la naissance de leur œuvre et l'ancrage de cette œuvre dans une terre qui les ont beaucoup inspirés", abonde Madeleine Rondin, présidente de l'association de Camille et Paul Claudel en Tardenois qui a réalisé la scénographie.