Julos Beaucarne est né à Ecaussinnes le 27 juin 1936 et vivait à Tourinnes-la-grosse. L’artiste chanteur, compositeur, écrivain, comédien et sculpteur était un conteur sans conteste fort de son âme de poète. C’est depuis sa plus tendre enfance que Jules, surnommé Julos vouait une grande passion pour la poésie grâce à l’un de ses professeurs, Henri Bertrand qui lui transmettra tout l’attrait pour cet art littéraire. La fibre poétique ne quittera jamais plus l’artiste qui en fera sa compagne de tous les instants et la fera briller de tous ses éclats sous une plume si singulière.
Le poète nous a quitté le 18 septembre 2021 à Beauvechin. Il avait 85 ans. Il est inhumé à Tourinnes-la-Grosse.
" Le wallon c'est le latin venu à pied du fond des âges. " J. Beaucarne
Le wallon tout comme le français s’invitera dans les textes de Julos Beaucarne. Ce sont ses grands-parents qui étaient de fervents adeptes de cette langue du terroir qui laisseront ainsi leur empreinte à travers des écrits de Julos Beaucarne tel un hommage perpétuel, source intarissable d’inspiration. La langue wallonne est pour lui si extraordinaire et décuple le sentiment, l’émotion. Le sens est dans le son, en cette tonalité wallonne comme l’artiste se plait à le révéler lors d’une interview donnée à TV LUX.
L’envie de chanter, quant à elle, naitra en lui lors des veillées scoutes. Ces moments suspendus et émouvants guitare à la main autour du feu de camp déploieront les ailes du chanteur. Le thème qui inspirera prioritairement l’homme est l’amour, c’est le principal sujet des poètes comme il se plaisait si souvent à le dire. Pour lui, c’est là le bonheur.
C’est en 1964 que Julos Beaucarne enregistrera son premier 45T et son premier 33T : " Julos chante Julos " sort en 1967. L'artiste, toujours inspiré par les choses de la vie produit un album tous les ans, voire tous les deux ans. Ses opus se présentent comme des montages de chansons, de poèmes récités, de monologues humoristiques, de " prises de sons et d'extraits de voix "… Chaque album est ainsi une ambiance, plus qu'un concept, dont les chansons traduisent de multiples façons un état d'âme particulier où se mêlent la révolte (" Lettre à Kissinger ", " Bosnie-Herzégovine "), la tendresse (" Y vaut meyeu s'bêtchi "), l'humour (" Pompes funèbres ") et le quotidien, comme la voix de son voisin Ferdinand dans les " Communiqués colombophiles ".
Bien qu'on puisse qualifier ses œuvres de chansons à texte, leur aspect musical y tient une place majeure : deux albums instrumentaux regroupant certaines de ses mélodies sont parus (L'univers musical en 1981 et 1989). Il refuse le vedettariat, a sa propre maison d'édition de disques et de livres (les éditions Louise-Hélène France), échappant ainsi aux obligations des majors de la publication.
" Il faut s'aimer à tort et à travers "
Il nous livrait il y a quelques années de cela un texte tel un appel, une urgence à reboiser l’âme humaine :
" C’est la société qui est malade. Il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre, par l’amour, et l’amitié, et la persuasion. Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches. Le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensembles pour l’embellir. Il faut reboiser l’âme humaine ". Julos Beaucarne
C'est à la suite du meurtre de sa compagne Loulou (Louise-Hélène France) par un déséquilibré, à la Chandeleur 1975, que son style devient encore plus profondément humaniste. Il écrit cette nuit-là une lettre ouverte, analysant la culpabilité de la société qui arme les mains des assassins, assorti d'un appel à " reboiser l'âme humaine " par " l'amour, l'amitié et la persuasion "1. Nombre de ses chansons et de ses textes se rapportent à cette " séparance ", comme il l’évoque. Après ce drame, il voyage, en particulier au Québec et renforce ses liens avec les chanteurs francophones de la culture du Kébek, selon la graphie du poète Raôul Duguay.
À la mort du roi Baudouin, il est choisi comme symbole du peuple belge pour chanter un hommage au roi défunt. Cet artiste qui a proposé un hymne national wallon aux paroles simples et pacifiques a par ailleurs été anobli en juillet 2002 par le roi Albert II et peut porter le titre de chevalier. Il signe aussi le Manifeste pour la culture wallonne en 1983.
Julos est papa de deux enfants : Christophe, né en 1965 et Boris, né en 1973, qui ont annoncé la création d'une fondation Julos Beaucarne, le 30 juin 2014.
En mars 2020, Régine Dubois nous proposait " Les petits papiers confinés de Julos Beaucarne " repris dans les archives de 2011. Julos y commente les mots en riant parce que " le rire c’est le bonheur " nous confiait-il.
Le poète s'est éteint le 18 septembre 2021.
Adieu à toi le poète, ton âme si pure et si humaine sera pour toujours et à jamais éternelle.
