La loi sur l'avortement a 25 ans, les médecins sont en pénurie

Willy Peers, au temps du combat social.

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Par Françoise Bare

Au planning d'Arlon, les installations ne désemplissent pas. Les psychologues, les juristes, les assistantes sociales reçoivent de nombreuses jeunes filles, des femmes. De l'autre côté du couloir, une salle est flambant neuve est réservée aux interruptions volontaires de grossesse. Les chambres de repos sont accueillantes et équipées. Depuis 2012, seules les femmes de ménage y passent pour l'entretien. L' équipe cherche désespérément un médecin généraliste qui accepte de travailler en planning. il n'y a personne et ce n'est pas un cas isolé. la relève ne se fait pas.

Les médecins ne sont plus formés

"J'ai prospecté jusque dans les Ardennes françaises, à Bruxelles, dans les autres provinces", dit Cécile Artus, la coordinatrice des mutualités socialistes. Mais personne ne réagit. "J'ai même proposé en plus petit défraiement pour les prestations, de rembourser les frais de déplacement des médecins." Mais elle a essuyé un refus dans toutes les langues. Les jeunes médecins ne sont plus formés à la technique de l'avortement à l'université. La seule université à proposer la formation spécifique est l'ULB. Mais les étudiants doivent se porter volontaires pour la suivre. Cette année ils sont une petite vingtaine mais poursuivront-ils ? "La génération des militants pour le droit des femmes et la médecine sociale est de l'histoire ancienne" poursuit le Docteur Dominique Roynet, professeur à l'ULB et médecin au planning de Rochefort.

Les patientes d'Arlon sont donc réorientées vers Rochefort, le seul planning plus ou moins proche qui pratique des IVG. Là, le centre ne désemplit pas et les demandes d'avortement se multiplient. 500 par an. La liste d'attente se noircit de noms.

Dominique Roynet pratique depuis près de 36 ans , elle a été l'assistante de Willy Peers. C'est à coup de combats, d'endurance, de rage pour le droit des femmes qu'elle est toujours là pour les aider. Sa colère est terrible:  "Incontestablement il y a un désintérêt chez les jeunes médecins pour la médecine sociale, j'ose le dire, les jeunes médecins sont des handicapés de la médecine sociale. Il faut que l'on revienne aux fondamentaux du sens de la médecine. Un médecin, c'est un être humain qui est formé pour aider un autre être humain, pas pour faire carrière, pas pour faire joujou avec la technologie, pas pour gagner beaucoup de sous... sinon on fait autre chose."

25 ans après, Dominique Roynet et ses confrères partiront bientôt à la retraite. La loi est une bonne loi qui pourrait ne plus servir faute de praticiens.

Françoise Baré et Pascale Bollekens

L'avortement

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