Journaliste et grand reporter au journal Le Soir, spécialiste de l’Afrique centrale, Colette Braeckman est l’invitée du Grand Oral RTBF/Le Soir ce samedi 15 décembre sur La Première et ce 16 décembre sur La Trois.
Ce jeudi 13 décembre, un incendie a détruit un grand nombre des machines à voter à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Les dégâts sont énormes. Selon la CENI (Commission électorale nationale indépendante de la République Démocratique du Congo), 77% de l'équipement qui devait être utilisé dans la capitale pour l'élection présidentielle du 23 décembre est parti en fumée. 15% de la population congolaise vit à Kinshasa.
Avec quel impact sur les élections ? Pour Colette Braeckman, cela va en tout cas porter préjudice à la sérénité des élections. " Les élections seront à peine terminées que les contestations vont éclater de tous les côtés, c’est certain ". Car beaucoup de doutes planent au-dessus de cet incendie. " On se demande s’il y avait vraiment des machines dans ces entrepôts. On se demande comment des incendiaires ont pu y accéder alors qu’elles se trouvaient dans un entrepôt très proche de centres militaires ". La question finale est aussi de savoir s’il ne s’agit pas là d’un stratagème destiné à reculer la date des élections… " L’incendie profite au président en place, Joseph Kabila… "
Joseph Kabila, un homme au bilan mitigé, pour Colette Braeckman. " Il faut voir d’où il est parti, et où il est arrivé ", développe-t-elle. " A sa montée au pouvoir, on ne pensait pas voir le Congo réunifié un jour. C’est le cas aujourd’hui. Mais à l’arrivée, les inégalités sociales sont encore plus marquées aujourd’hui qu’au temps de Mobutu et ça c’est un potentiel d’explosion très important ".
Elle a dit
Sur le discours de Denis Mukwege après avoir reçu le prix Nobel de la paix : "Il a apostrophé le monde, il s’est exprimé en citoyen, porteur de ses valeurs".
Mukwege en politique? "Je trouve que c’est une mauvaise idée, il a un rôle bien plus important comme médecin et prophète des droits de l’homme".
Sur son choix de carrière journalistique : " ’aimais écrire et voyager. Ce métier était le seul qui permettait de lier les deux".
Concernant son projet d’interview de Nelson Mandela: "Je n’ai pas pu la faire. Une fois devant lui, je me suis mise à pleurer, aucune question n’est sortie".
Sur la liberté de la presse au Congo: "Je rends hommage aux journalistes congolais qui ont le courage de dire et d’écrire les choses. Ils le paient souvent de leur vie".
Reste-t-il des figures belges importantes en RDC? "Louis Michel, sans aucun doute. C’est tonton Michel. C’est quelqu’un qui a fait tout ce qu’il pouvait pour ramener la paix dans le pays".
Les deux candidats à l’élection présidentielles les plus intéressants, selon elle: "Martin Fayulu est un homme constant. Il a vécu de ses économies, il n’y a pas de rumeur de corruption. D’autre part, et paradoxalement, Emmanuel Shadary (le dauphin de Joseph Kabila) est le produit du système Kabila, mais est constant et ne s’est pas enrichi".
Faut-il déboulonner les statues aux références coloniales belges? "Il ne faut pas déboulonner, il faut rajouter. Ce n’est pas l’amnésie qu’il faut prôner, c’est la connaissance".