La honte, un moyen de tenir les gens tranquilles

La honte, un moyen de tenir les gens tranquilles

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Par RTBF La Première via

La honte est une de ces émotions douloureuses que nous préférons ne pas vivre et dont nous n’aimons pas parler… Ilios Kotsou nous en parle ce matin.

La honte nous donne envie de disparaître aux yeux d’autrui. Cette émotion est liée à la gêne, à l’embarras et parfois même de l’humiliation… Elle se déclenche à chaque fois que l’on se retrouve en défaut par rapport à des règles sociales.

Comme toutes les émotions, la honte a une fonction : elle nous sert à ne pas oublier que, pour avoir sa place dans un groupe humain il y a des règles sociales à respecter.

La honte et le respect des normes sociales

A petites doses, la honte peut nous empêche de commettre des actes antisociaux : mentir, trahir, voler… Ou, si nous les avons commis, de récidiver. Comme la peur peut nous rendre plus prudent en nous faisant anticiper les dangers, la honte peut nous rendre plus conscients en nous faisant anticiper les rejets. En résumé, la honte a à avoir avec le respect des normes sociales.

La honte : une blessure de l’estime de soi comme le dit le psychiatre Christophe André.

Certaines époques la toléraient et s’en accommodaient plutôt bien : la honte est un bon moyen de faire tenir les gens tranquilles. C’était la fonction du bonnet d’âne à l’enfant perturbateur ou du "pilori", exposer un voleur en public.

Mais toutes les émotions peuvent se dérégler. La peur peut se transformer en phobie. La honte, elle aussi, peut déraper. Nous ne disposons pas de nom spécifique pour désigner ces "maladies de la honte". Si un peu de honte me permet de m’adapter et de respecter des normes (ce qui est bien utile pour vivre en groupe), une honte dérèglée va me rendre sur sensible au regard des autres… Quand elle est déréglée, elle est sans doute une des émotions les plus redoutables pour l’estime de soi et pour la paix intérieure et collective. C’est une blessure de l’estime de soi comme le dit le psychiatre Christophe André.

Affronter nos petites hontes et nos peurs du rejet nous fait gagner en liberté. Le philosophe Nietzsche disait "Quel est le sceau de la liberté conquise ? – Ne plus avoir honte de soi-même."

Ilios Kotsou est Docteur en psychologie et Maitre de Conférences à l'Université Libre de Bruxelles, il analyse chaque semaine un thème fondamental de nos vies quotidiennes. Retrouvez-le sur son blog, sur sa page Facebook et tous les dimanches dans Week-end Première.

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