La Russie va construire deux réacteurs nucléaires en Hongrie. Dans le contexte de la guerre menée par Moscou en Ukraine, et avec les tensions autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, l’information interpelle. L’accord, dit "Paks II", entre la Russie et la Hongrie date en fait de décembre 2014, mais depuis, les retards se sont accumulés.
En pleine bataille du gaz entre Moscou et l’Occident, c’est un exemple de la politique de cavalier seul menée par le gouvernement de Viktor Orban qui, à l’inverse de ses partenaires occidentaux, a choisi de se rapprocher de la Russie de Vladimir Poutine pour assurer ses arrières...
Une centrale nucléaire russe au cœur de l’Europe
Mais, c’est officiel, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, le claironne : Rosatom, le géant russe du nucléaire entame dans quelques semaines la construction de deux nouveaux réacteurs à la centrale nucléaire de Paks, l’unique que possède la Hongrie dans le centre du pays.
Il s’agit de compléter l’actuelle centrale par deux réacteurs d’une capacité de 1,2 gigawatt chacun. Des nouveaux réacteurs qui remplaceraient deux des quatre réacteurs de conception soviétique qui composent la centrale et mis en service entre 2006 et 2009.
Paks, qui livre déjà 40% de l’électricité hongroise, devrait voir sa capacité doubler et permettre à la Hongrie d'être moins dépendante des importations d'électricité.
Cette fois, le permis de démarrer le chantier est accordé par l’autorité de régulation hongroise. Objectif : une mise en exploitation dès 2030. Le coût du projet s’élève à 12,5 milliards d’euros et est financé à hauteur de 80%, soit 10 milliards d’euros, par un prêt de la Russie à la Hongrie, prêt remboursable seulement à partir de 2031.
"C’est un grand pas, une étape importante. De cette manière, nous pouvons assurer la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Hongrie à long terme et protéger le peuple hongrois des fluctuations extrêmes des prix de l’énergie", affirme Peter Szijjarto.
Ce choix de se tourner vers Moscou pour développer sa production nucléaire est à mettre en lien avec les récentes initiatives de Budapest d’augmenter encore ses livraisons de gaz russe, à rebours de la politique de sanctions de l’Union européenne. Comment l’expliquer ? Simplement parce que les sanctions européennes ne touchent pas l’industrie nucléaire russe.
Avec la construction de Paks II, la Hongrie sera à 80% dépendante de la Russie pour sa production électrique, affirme Greenpeace.
Il faut aussi rappeler qu’au sein de l’Union européenne, la Hongrie a toujours été une fervente adepte de l’énergie nucléaire, avec la France, au contraire de l’Allemagne.