Interdire la mise au point d’armes nucléaires, leur essai et bien sûr leur utilisation. Voici le cœur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) des Nations unies de 2017. Signé par 86 Etats sur 193, ce texte a véritablement été porté par l’ICAN, une coalition de plusieurs ONG qui a d’ailleurs reçu le Prix Nobel de la paix la même année.
L’objectif ? Mettre la pression sur les neuf puissances nucléaires. Mais la guerre en Ukraine a-t-elle changé la donne ? La volonté d’interdire et d’éliminer les armes nucléaires pour promouvoir la paix est-elle toujours d’actualité ? Encore plus que jamais pour Jean-Marie Collin, porte-parole d’ICAN France et chercheur associé au GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité).
Un traité boudé par les puissances nucléaires ?
Tout d’abord, il faut préciser une chose : le TIAN a été boudé par les neuf puissances nucléaires et tous les membres de l’OTAN. Mais alors, à quoi sert-il ? Tout d’abord à combler un "vide juridique", explique Jean-Marie Collin. En effet, "des traités interdisaient les armes chimiques et les armes à sous-munitions (qui impactent fortement les civils), mais il n’y avait rien par rapport aux armes nucléaires. Ce texte a permis d’établir le fait que la possession des armes nucléaires est contraire au droit international. Cette norme pèse désormais sur les puissances nucléaires ainsi que les pays qui abritent une arme nucléaire sur leur sol."
Ce traité vient en fait renforcer un autre traité : le TNP ou le Traité de non-prolifération nucléaire. Vieux de 50 ans, ce traité avait bel et bien été signé et ratifié par les grandes puissances nucléaires de l’époque, soit la Russie, les Etats-Unis, la France, Chine et la Grande-Bretagne. Il avait alors comme objectif de certes limiter le nombre de puissances détentrices de l’arme nucléaire (qui est finalement passé à 9), mais aussi celui d’être un pas vers le "désarmement nucléaire".