Les effets de la grève semblent plus commentés que les raisons pour lesquelles celle-ci a été décidée par certains travailleurs. Dans un débat sur La Première, ce lundi, les avis se sont affrontés. Mais c'était également l'occasion d'entendre le témoignage d'un accompagnateur, qui, au delà des discours théoriques, faisait partager son quotidien.
Thomas a 40 ans. Il est accompagnateur de train SNCB à Charleroi. Et, ce lundi, il fait grève. En quelques mots, il explique pourquoi, car "certains propos (l')'ont choqué", dit-il.
"Je n'ai pas de congé du tout"
"Je suis gréviste", commence Thomas. Et, ajoute-t-il, la réaction de certains par rapport à la grève n'est pas acceptable. Car pour lui, les conséquences de la gestion du personnel à la SNCB sont bien concrètes, et leurs implications très pratiques.
Le million de jours de congés non octroyés, et à récupérer? "Ce n'est pas une vue de l'esprit!", s'exclame-t-il. "J'ai 40 ans, j'ai deux enfants, dont un qui a treize ans et l'autre neuf. Ils sont en congé à partir de demain. Mais, moi, je n'ai pas de congé du tout, ni en juillet ni en août. Est-ce qu'on accepterait ça dans n’importe quelle boite?"
"C'est choquant, les gens ont besoin du train, on en a conscience", poursuit-t-il. "Et l'immense majorité des collègues, et moi en premier, on adore notre job. Et on voudrait travailler dans de bonnes conditions. Mais ça veut dire aussi pouvoir bénéficier des congés comme tout le monde".
Des conditions difficiles
La CGSP a déposé son préavis de grève pour ce lundi, estimant que le processus de recrutement du personnel était trop lent. Les départs ne sont pas tous et pas assez vite compensés par des engagements, y argumente-t-on. C'est pour cette raison que de nombreux cheminots ne peuvent prendre leurs congés ou jours de récupération à la période la plus demandée, juillet et août.
Les chiffres du personnel de la SNCB sont à cet égard illustratifs: entre 2004 et 2013, le nombre de personnes y travaillant (SNCB en propre, Infrabel et SNCB Holding compris) est passé de 40 243 à 34 452. Lors de la même période, le nombre de voyageurs a, lui augmenté: de 165 million par an, il est passé à 223.
"Le premier service, chez nous à Charleroi, commence à 3 heures du matin, ça veut dire se lever à 2 heures... Je ne sais pas si les gens se rendent compte que, quand ils prennent leur train à 5h du matin, il y a quelqu'un qui l'a préparé, quelqu'un qui a été le chercher, qui a commencé çà 4 h du matin (...)", ajoute-t-il, un peu amer. Et si les cheminots sont réputés avoir beaucoup de jours de congés, "ce n'est jamais qu'un compteur qui augmente, si on ne peut pas les prendre ça n'a pas beaucoup d'intérêt".
Écoutez son propos dans l'extrait ci-dessous: