La rotonde du Musée de l’Afrique centrale à Tervuren fait sa mue décoloniale. Deux artistes, l’un congolais et l’autre belge, apportent un contrepoint contemporain à ce lieu emblématique de l’aventure coloniale belge au Congo. Il n’est pas question d’occulter le passé, mais d’en être conscient pour mieux se tourner vers l’avenir.
Un bâtiment classé et des statues intouchables
Après la réouverture du musée, il y a un an, de nombreux visiteurs ont été choqués de la présence des statues, véritables odes à la Belgique civilisatrice d’un Congo sauvage. Même l’Onu a fait part de son incompréhension, en estimant que le musée ne poussait pas suffisamment loin sa réorganisation décoloniale. Des voix se sont même élevées pour faire retirer les statues centenaires. Mais le bâtiment étant classé, rien ne pouvait bouger. Le projet d’Aimé Mpane et Jean-Pierre Müller a été retenu pour le lien qu’il tisse entre passé et présent. Les 16 statues sont superposées de 16 voiles semi-transparents sur lesquels sont imprimés des dessins contemporains réalisés par les deux artistes et qui évoquent une tension avec la statue. Ainsi, devant "La Belgique apportant la sécurité au Congo" de 1921, Jean-Pierre Müller a dessiné un para-commando belge sautant sur Stanleyville en 1964.