Adam Wajrak est installé depuis 25 ans à Teremiski, petit village aux maisons de bois traditionnelles, en lisière d'un pan de forêt qu'il veut voir protégé. Au fil d'une promenade automnale dans la forêt, les surprises se multiplient. "Un bison est passé par là", confie-t-il en montrant une touffe de poils détectée sur un arbre. Une demi-heure plus tard, un mâle solitaire fera une apparition furtive, avant de s'enfuir.
Les bisons, qui avaient disparu au XXème siècle, ont été réintroduits. Ils sont désormais 715 à peupler la forêt, la plus grande population de bisons d'Europe, selon l'Unesco, et cohabitent avec une quarantaine de loups et une quinzaine de lynx.
Un millier d'espèces végétales et près de 12.000 espèces d'animaux forment là un écosystème unique.
On trouve des chênes nés il y a quatre siècles, lorsque la guerre de Trente Ans ravageait l'Europe, à la circonférence impressionnante : jusqu'à six mètres. Certains, hauts de 40 mètres, se disputent le ciel avec des épicéas qui dépassent les 50 mètres, l'équivalent d'un immeuble de douze étages.
Sur le chemin, l'énorme tronc d'un tilleul recouvert de mousses, lichens et champignons bloque le passage. Partout, des petites pousses d'arbres attendent leur chance pour s'élancer.
"Ce qui distingue Bialowieza des forêts 'industrielles', c'est cette présence massive de bois mort (...) Ce bois sert d'habitat aux insectes, champignons, lichens", explique Adam Bohdan, de l'ONG Pologne sauvage.
Ce "chaos", cette "pagaille", c'est l'essence d'une vraie forêt : "Des arbres qui jonchent la terre, pourrissent, puis donnent la vie à d'autres organismes", complète Adam Wajrak.
"Surtout, la forêt primaire est plus résistante au changement climatique et constitue le meilleur et le plus stable réservoir de carbone qui soit", ajoute-t-il.