"Petite, je voulais être missionnaire, aujourd’hui je me dis que j’ai le devoir de témoigner de ma foi sur Instagram", déclare à l’AFP Angélique Provost, photographe de 26 ans, 8.800 abonnés sur le réseau social. "Je poste sur la vie de ma famille, sur ma pratique religieuse" décrit-elle, "pour moi il n’y a pas de différence entre un 'post' sur mes enfants qui découvrent les vitrines de Noël, et un autre où je me montre au sortir de la messe du mercredi des Cendres, avec des cendres sur le front, c’est mon quotidien."
Son message sur le choix d’une école catholique pour l’aîné de ses deux fils a généré des milliers de "likes". Mais pas de polémique : sur Instagram, on vient regarder des photos de gens dont on se sent proche, pas débattre.
Une attitude qui fait écho à celle des catholiques conservateurs, explique à l’AFP le sociologue Yann Raison du Cleuziou. "Ils ont une sociabilité très affinitaire, partout où ils vont, ils cherchent leurs pairs, les réseaux sociaux permettent d’activer cette communauté".
La religion qui se modernise
La Conférence des évêques de France (CEF) a bien identifié cette tendance et son compte est désormais suivi par plus de 11.600 abonnés, pour environ 2000 en début d’année. "Nous étions déjà sur Facebook et sur Twitter, des plateformes où les échanges sont souvent très politisés, où on réagit beaucoup à l’actualité", explique Kandida Muhuri, responsable du pôle éditorial à la communication de la CEF.
Pour "toucher" les jeunes, "on a valorisé du contenu qu’ils peuvent apprécier sur Instagram : de beaux visuels, une phrase de l’encyclique 'Laudato Si', une jolie typographie, des paroles spirituelles… et on voit que ça réagit énormément", ajoute-t-elle, convaincue de l’émergence d’une communauté de jeunes catholiques "décomplexés", et moins politisés que leurs aînés.
"Que ce soit le mariage gay, ou la vie de Vincent Lambert : je ne suis pas là pour me disputer, et ce n’est pas à moi de leur expliquer la foi catholique" abonde Angélique Provost.