Belgique

La fin du changement d’heure, c’est pour quand ?

Par Arnaud Ruyssen via

Vous ne l’aurez pas manqué… ou si c’est le cas, il est grand grand temps de vous en rendre compte, nous sommes passés ce week-end à l’heure d’été. Un nouveau changement alors que, depuis 2018, on annonce qu’il en sera bientôt terminé de devoir rerégler sa montre 2 fois par an. Comment expliquer que ce dossier traîne autant ? Déclic a voulu y voir clair.

Un projet de réforme initié en 2018

Refaisons d’abord, rapidement, le fil chronologique de ce dossier. En 2018, le Parlement européen vote une résolution demandant à la commission de faire une évaluation en profondeur de ce principe du changement d’heure et d’en proposer une réforme si cela s’avère nécessaire. Le texte adopté pointe le fait que les études scientifiques réalisées sur le sujet ne révèlent pas d’effets bénéfiques concluants, "mais ont en revanche indiqué l’existence d’effets négatifs sur la santé des êtres humains".

La commission se saisit du dossier et organise une grande consultation populaire. Elle reçoit 4,6 millions de réponses, le taux de participation le plus élevé jamais enregistré pour une consultation publique organisée par la Commission ! Et la réponse est claire : 84% des répondants sont en faveur de la suppression du changement d’heure.

Dès lors, la commission formule une proposition qui

  • met fin aux changements d’heure saisonniers dans l’ensemble de l’Union européenne ;
  • encourage la consultation aux niveaux national et européen afin de garantir une approche coordonnée entre les États membres.

En clair, on ne changerait plus d’heure nulle part dans l’UE mais les membres pourraient chacun choisir de garder l’heure d’été ou l’heure d’hiver, à condition de se coordonner entre eux pour ne pas trop compliquer la vie des citoyens et le marché économique commun.

Un dossier dans le frigo du Conseil de l’UE

Dans la foulée, en Mars 2019, le parlement se prononce à une écrasante majorité en faveur du texte proposé par la commission. Mais il reste une étape majeure à franchir… trouver un accord au sein du conseil, l’organe qui rassemble les différents chefs d’Etats et de Gouvernement, sous la présidence de Charles Michel.

C’est là que tout va se gripper. Le texte, arrivé en 2019, a fait l’objet de discussions préliminaires mais n’a pas bougé d’un iota depuis lors, pour deux raisons principales :

  1. Les crises qui se sont succédé. Le COVID d’abord et puis maintenant l’Ukraine, la crise énergétique… L’heure d’été paraît forcément un peu anecdotique à côté d’enjeux comme ceux-là.
  2. La difficulté de choisir l’heure que l’on garde. En Belgique, par exemple, une consultation populaire a été réalisée et elle a montré que les Belges étaient très partagés sur la question… 50% pour l’heure d’hiver contre 45% pour l’heure d’été.

Avec d’ailleurs des différences entre régions : les Wallons ont manifesté une légère préférence pour l’heure d’été et les Flamands pour l’heure d’hiver, à l’image de l’UE puisque les pays du sud de l’Europe sont plutôt favorables à garder l’heure d’été, alors que les pays du nord sont plutôt partants pour l’heure d’hiver.

Pas simple de coordonner tout cela. Or, dans le texte voté par le parlement, il y avait l’impératif de la "coopération" pour ne pas perturber le fonctionnement du marché intérieur.

C’est sans doute pour cela que ce dossier – moins évident à trancher qu’en apparence – a été mis au frigo du conseil. La présidence française de l’Union n’a pas prévu de s’y attaquer durant ce semestre, on ne sait pas encore si la présidence Tchèque, à partir de juillet, s’y attellera. Donc sauf immense surprise, en octobre prochain, vous devrez encore retarder d’une heure les aiguilles de votre montre.

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