C’est ce qu’on appelle un marronnier, chaque année tous les médias consacrent une séquence à la Fête des mères. Une tradition à laquelle la RTB (qui était encore nationale alors) a sacrifié depuis pratiquement ses débuts.
Reportages dans les écoles ou au foyer de la maman et des images d’un bonheur tranquille et sans nuages. La ou le journaliste interviewant consciencieusement les enfants leur faisant dire face caméra leur compliment, sous le regard attendri d’une mère comblée.
La Fête des mères, cérémonial sacré ne laisse à l’époque aucune place aux questions sur la condition de la femme et aux polémiques sur le contrôle des naissances ou la liberté des femmes à disposer de leur corps. Le tout filmé en noir et blanc, sans beaucoup de nuances.
A l’origine : la fécondité
La fête des mères - naguère fête sacrée, aujourd’hui décriée - reflète à la fois l’image de la femme dans la société tout autant que celle de la famille.
L’origine de cette fête remonte d’abord à l’antiquité où les Grecs et les Romains célébraient la fertilité. Et puis la fête disparaît, bannie par les Chrétiens qui la considéraient comme une fête païenne. C’est en 1914 que sous l’impulsion d’Anna Jarvis, les États-Unis instituent pour la première fois une fête officielle en l’honneur des mères.
En France, une première célébration de la mère remonte à 1906 dans le petit village d’Artas, on organise une fête en l’honneur des familles nombreuses. Et c’est dans le même esprit que le maréchal Pétain remet à l’honneur non pas la maman mais la natalité et la nécessaire procréation avec pour but de repeupler la France et de défendre les valeurs chrétiennes.
Pétain prône l’idée qu’il faut renvoyer les femmes dans leur foyer pour qu’elles retrouvent leur fonction première : faire des enfants
Valérie Piette, sociologue à l’ULB : "Pétain prône l’idée qu’il faut renvoyer les femmes dans leur foyer pour qu’elles retrouvent leur fonction première : faire des enfants. On va magnifier la femme-mère ou le mère-femme. Le maréchal va aller très loin avec cette journée nationale des mères qui sera désormais célébrée dans les écoles. Et ça, c’est resté jusqu’à nos jours. En Belgique, à la même époque, le libéral Jacqmain et le socialiste Paul Pastur lancent la fête des mères, version belge, en 1927. On peut dire que chez nous cette commémoration est socialiste !"