Belgique

La direction de Delhaize engage des agents pour sécuriser les conseils d’entreprise, les syndicats se disent scandalisés

© RTBF

Un conseil d’entreprise ordinaire s’est tenu ce 20 mars en matinée au siège de l’entreprise Delhaize à Zellik. Une réunion prévue de longue date qui n’était pas liée au dossier de franchisation des 128 supermarchés du groupe.

Lors de ce conseil, les syndicats ont été "accueillis par une vingtaine de gardes du corps et fouillés sommairement avant de rentrer dans la salle", nous explique une déléguée syndicale CNE qui a participé au conseil. "Nous avons demandé que ces gardes n’assistent pas au conseil. La direction a refusé de les faire partir. Nous avons donc quitté la séance."

Le porte-parole de Delhaize ne confirme pas la fouille

De son côté, le porte-parole de Delhaize ne confirme pas la fouille mais reconnaît que la direction a engagé des agents pour "garantir la sécurité de tous les participants".

Selon Roel Dekelver, "la décision a été prise après les tensions qui sont survenues lors du dernier conseil d’entreprise du mardi 14 mars".

Une bousculade s’était produite, la police avait dû brièvement intervenir. Certains manifestants avaient également voulu rentrer dans le bâtiment, via l’escalier de secours, sans succès.

"Ce sera désormais le cas lors de tous les conseils d’entreprise, des agents de sécurité seront présents pour prévenir tout dérapage et favoriser un climat serein", affirme Roel Dekelver.

"Au lieu d’apaiser les tensions, la direction les attise", rétorquent les syndicats. "De telles pratiques sont tout simplement répugnantes. Jamais dans notre histoire syndicale nous n’avons eu affaire à un tel mépris de la concertation sociale" s’insurgent les représentants du personnel, dans un communiqué.

Des gardes du corps dans un conseil d’entreprise… Légal ?

Selon les syndicats, "la présence d’agents de sécurité lors d’un conseil d’entreprise n’est pas autorisée par le règlement d’ordre intérieur". Effectivement, la participation de tiers n’est pas permise, sauf "accord explicite de tous les membres du conseil", nous explique Vincent Marcelle, avocat spécialisé dans le droit du travail. Ce qui n’était manifestement pas le cas ici.

"Ceci étant dit, la direction est aussi garante de la sécurité de tous les participants. Si elle estime qu’il y a un risque ou si elle a des craintes pour l’intégrité des personnes, il serait légitime qu’elle prenne les mesures pour prévenir tout débordement. Dans ce cadre-là, la présence d’agents de sécurité pourrait se justifier", nous explique le spécialiste.

Quoi qu’il en soit, force est de constater que pour l’instant la présence d’un service de sécurité n’a pas permis de revenir à un dialogue social serein, que du contraire.

Des camions sortis vides

Le blocage dehors s’est poursuivi en soirée. Et puisque personne ne se trouvait à l’intérieur, aucune préparation n’a été rendue possible. Tous les camions des livreurs sont donc sortis vides, et sans remorque pour la plupart.

Une douche froide pour la direction de Delhaize donc, qui tablait sur cette journée avec l’envoi de marchandises vers les franchisés, en prévision d’un possible blocage ce 21 mars, jour du conseil d’entreprise.

Les fouilles des délégués ont été la goutte d’eau. "Ça va laisser des traces, car c’est du jamais vu. Comme si on était des malfrats", nous racontent des travailleurs.

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