Diables Rouges

La diagonale de Manuel Jous : les Diables Rouges 2.0 ou l'excitation d'une première

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Le matin du grand soir. L'excitation du premier rendez-vous. Des images fantasmées depuis des semaines, ricochées sur les parois de la caverne de l'âme, des sensations projetées, anticipées et juste teintées de la crainte qu'elles n'épousent pas toutes les attentes. Et puis enfin, la réalité, la vérité de la vie. L'imminence du rose aux joues, la pupille un peu dilatée, le pouls qui s'emballe pendant que les secondes stoppent leur course...

L'impatience est à son comble. Ce soir, les Diables Rouges 2.0 donneront quelques premiers éléments de réponse. Offriront ou s'offriront. Feront savoir s'il y a lieu de croire en une nouvelle divine idylle ou si le chemin doit s'annoncer abrupt et parsemé d'épines.

La justesse des premières décisions

Avant que le terrain ne parle, on ne peut, pour l'instant, que se réjouir des premières décisions prises par le nouveau sélectionneur Domenico Tedesco.

Au premier jour, il y eut la liste. Et la confirmation de propos tenus quelques jours plus tôt lors de ses premières prises de parole.

"L'âge ne constituera pas un critère". L'antienne pouvait s'avérer rassurante tant pour les plus vieux que pour les plus jeunes. Et de fait, la liste rendue englobe tant un Jan Vertonghen (dernier héritier de la génération olympique de 2008...) qu'un Roméo Lavia, 19 ans, déjà louangé par Pep Guardiola himself l'année dernière, sous les couleur de Man City.

"Le temps de jeu en club ne constituera pas un critère". Là aussi, le nouveau sélectionneur a tenu parole (ce qui le distingue fondamentalement du précédent qui, derrière son sourire et sa courtoisie, n'en dissimulait pas moins son lot de contre-vérités). Thomas Meunier est repris alors qu'il ne totalise que 19 minutes de Bundesliga à son actif depuis la fin de la Coupe du monde. A l'inverse, la page est (provisoirement ?) tournée pour Axel Witsel qui compte pourtant 4 matchs complets de Liga (plus pas mal de morceaux de matchs) à son actif dans le même intervalle temporel.

Tedesco aurait pu faire de la politique, renvoyer l'ascenseur au président du Club qui l'a également désigné à son nouveau poste. Il ne l'a pas fait. Il aurait pu brosser le championnat de Belgique dans le sens du poil en allant chercher l'un ou l'autre Genkois ou Unioniste. Il ne l'a pas fait non plus. Alors que cela ne lui aurait rien coûté sinon un peu de flatterie gratuite. Finalement, reprendre 27 ou 28 noms plutôt que 24 (méthode, on le sait, très prisée par Roberto Martinez), ça ne mange pas de pain et n'entraîne aucun remue-ménage dans les chaumières limbourgeoises. Mais, visiblement, l'ancien coach de Leipzig n'a pas besoin de ça.

Ensuite, quand il s'est agi de convoquer un remplaçant pour pallier le forfait de Jérémy Doku, c'est le nom de Johan Bakayoko qui est sorti. Le joueur au profil le plus proche du percutant flanc droit de Rennes. Malin. Car, outre, la logique du choix, il va peut-être "bétonner" son appartenance au groupe des Diables Rouges. S'il reçoit ne serait-ce qu'une minute de temps de jeu en Suède, Bakayoko ne pourra plus opter pour la Côte d'Ivoire. Là où William Balikwisha a choisi le Congo et où Francis Amuzu pourrait être tenté de répondre aux avances du Ghana (mais ces deux joueurs auraient-ils un jour été repris ?).

Enfin, pour le choix du capitaine, Tedesco avait le choix parmi les "anciens". Il a, comme nous l'espérions, opté pour Kevin De Bruyne. Non pas parce que il le "mérite" plus qu'un Romelu Lukaku, à la parole toujours très écoutée dans le groupe ou à un Jan Vertonghen qui a tout vécu, mais parce que revêtir le bras de KDB d'un brassard, c'est aussi le responsabiliser, le conscientiser, lui faire comprendre que l'équipe doit tourner autour de lui et que ses états d'âme personnels ne peuvent prendre le pas sur le rôle de moteur que son talent doit lui faire endosser. C'est l'une des leçons retenues de la dernière Coupe du monde, et c'est très bien ainsi.

Quel onze contre la Suède ?

A l'heure de l'examen d'entrée, reste la question principale : quel onze et quelle tactique pour aborder ce premier rendez-vous des éliminatoires pour l'Euro 2024 ?

En attendant que Domenico Tedesco se jette à l'eau, faisons-le pour lui avec un onze et une tactique espérée, en 3-4-3.

Devant Thibaut Courtois, une défense à 3 qu'il faut recomposer. Nous sommes partisans de confier les pleins-pouvoirs à Jan Vertonghen, au centre d'un trio où il reprendra le poste de son vieux complice Toby Alderweireld. Vertonghen est tout simplement excellent depuis son retour de la Coupe du monde. Le paramètre lenteur, qui était vu comme un frein au Qatar, fait place désormais au critère expérience, qu'il est désormais le seul à incarner derrière. Vertonghen veut devenir le Chiellini belge ? Qu'il en soit ainsi ! Avec , sur sa gauche, celui que le titillait déjà ces derniers mois : Arthur Theate, et sur sa droite son partenaire de club à Anderlecht : Zeno Debast, qui ne cesse de progresser à ses côtés. La prestation européenne des deux hommes, la semaine dernière à Villarreal, a dû achever de convaincre Tedesco qu'il ne fallait pas toucher à leur complémentarité naissante. Du moins, c'est ce qu'on peut espérer !

Au milieu, comme depuis quelques mois, on a besoin de Timothy Castagne... à gauche et à droite. Vu que c'est impossible, il faut bien opérer un choix. Alors allons-y pour les deux Ardennais. Castagne à gauche et Thomas Meunier (pour son expérience, sa puissance et ses atouts défensifs) à droite. Avec Saelemaekers, Lukebakio et Bakayoko pour dynamiter ce qui doit, ou peut, l'être, en cours de match...

Entre les deux flancs, la blessure de Tielemans et les non-sélections de Witsel et Vanaken doivent ouvrir le jeu de l'axe à Amadou Onana et Roméo Lavia. Le premier cité s'est déjà taillé une place et une réputation lors de la dernière Coupe du monde (avec une régularité encore à travailler), le second est annoncé depuis plusieurs mois. Sans sa blessure au début de l'automne, il aurait certainement été du voyage au Qatar. Maintenant qu'il enchaîne les matchs avec Southampton, et à la satisfaction générale, let's go pour un milieu à l'accent Premier League !

Enfin, devant, partons pour le rêve éveillé d'une séduisante triplette : le nouveau capitaine des Diables Rouges Kevin De Bruyne, secondé par la nouvelle idole d'Arsenal (1 but et 6 assists depuis son arrivée en janvier !) Leandro Trossard pour épauler Romelu Lukaku qui, malgré une saison chaotique, part toujours avec une longueur d'avance sur Loïs Openda.

Le Lensois n'en sera que plus redoutable en surgissant du banc, comme pas mal d'autres de ses partenaires. Pour ce début de l'ère 2.0, tous ces prétendants auront à coeur de prouver que, des palpitations d'un premier rendez-vous, peut émerger l'esquisse d'un roman-passion.

>> Compo espérée : Courtois - Theate, Vertonghen, Debast - Castagne, Onana, Lavia, Meunier - Trossard, De Bruyne, Lukaku

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