Economie

La dette des Etats-Unis devient abyssale, une menace pour l’économie mondiale?

Dans une tribune publiée dans le "Wall Street Journal", dimanche, la secrétaire au Trésor des Etats-Unis appelle le Congrès à relever le plafond de la dette dans les plus brefs délais. Mais au-delà de cette urgence, Déclic pose cette question : les États-Unis peuvent-ils continuer à creuser, à ce rythme, le gouffre de leur dette? 

 

Une dette proportionnellement plus importante que celle de la Belgique

Le chiffre est impressionnant : la dette publique des Etats-Unis s’élève à 28.529 milliards de dollars, soit l’équivalent de 125% de son PIB.  

Si on fait le même calcul pour la Belgique, notre pays a une dette proportionnellement moindre puisqu’elle ne s’élève "que" à 113% du PIB, ce qui est pourtant déjà très élevé. 

Ce qui frappe surtout, c'est la vitesse à laquelle la dette américaine s'est creusée. Pratiquement multipliée par 7 depuis le début des années 90 et, avec le Covid, le mouvement s'est encore accéléré ces dernières années. La courbe prend des allures d’exponentielle. 

Evolution de la dette des Etats-Unis depuis les années 90
Evolution de la dette des Etats-Unis depuis les années 90 © Statista 2021

Une dette qui n’en finit plus de crever des plafonds

Depuis 1960, les différents gouvernements et présidents américains ont dû négocier, avec le congrès, des suspensions ou relèvements du plafond de la dette à plus de 80 reprises.  

C’est ce qui se joue une fois de plus, en ce moment, à Washington.  Si Joe Biden ne parvient pas obtenir une majorité pour relever le plafond de la dette, les Etats-Unis pourraient se retrouver à cours d’argent frais dès le mois d’octobre prochain.  On assiste donc à un grand marchandage politique où le président espère obtenir des coudées assez franches pour pouvoir assurer le financement de ses différents plans de relance.

Les Etats-Unis peuvent-ils s’endetter, comme cela, à l’infini ?

"Les Etats-Unis peuvent s’endetter tant qu’ils trouvent des créanciers explique Philippe Ledent, économiste chez ING, et pour le moment ils n’ont aucune peine à en trouver parce que les bons du trésor américains sont considérés comme l’un des investissements les plus sûrs au monde""C’est l’avantage exorbitant du Dollar, ajoute Xavier Dupret, économiste à la Fondation Joseph Jacquemotte, comme le Dollar est la monnaie de référence mondiale, il y a plus de créancier au portillon qu’il n’y a d’obligations à acheter". 

Mais cela ne risque-t-il pas un jour de s’effondrer comme un château de carte? "Pour le moment, le système tient explique encore Philippe Ledent, le problème pourrait venir si un jour le Dollar perdait ce statut de monnaie de référence. Ce qui pourrait changer la donne, c’est la géopolitique! Mais aujourd’hui, le pays qui conteste le plus la suprématie économique des Etats-Unis, c'est la Chine. Or la Chine est aussi l’un des principaux créanciers des USA… et n’a donc pas vraiment intérêt à une perte de valeur de la dette américaine".

ET si un jour les Etats-Unis ne trouvaient plus de créanciers ?

Pour Xavier Dupret, il ne faut pas oublier non plus que si les Etats-Unis devaient un jour perdre cette grande facilité à emprunter, il leur resterait encore la possibilité d’activer des leviers fiscaux. "Aujourd’hui les recettes fiscales des Etats-Unis représentent 24,27% de son PIB, en Belgique c’est 42,92%. Les USA ont donc des marges possibles sur ce plan que la Belgique n’a pas". 

 

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