Nous sommes le 8 septembre 1940, un dimanche en fin d'après-midi dans les bois de Lascaux, au dessus du village de Montignac, en Dordogne. Ce jour-là, quatre adolescents et un chien vont faire une découverte majeure pour l'histoire de l'humanité. Marcel Ravidat, Jacques Marsal, Georges Agniel et Simon Coencas scrutent un trou découvert par Robot, leur chien. Ils y jettent des pierres pour voir ce qui va se passer. C'est alors que les entrailles de la terre résonnent. Un peu plus tard, les amis, éberlués, vont pouvoir admirer des dizaines d'animaux peints et gravés sur les parois de la caverne ainsi mise à jour. Ils viennent de découvrir la grotte de Lascaux.
Régis Delpeuch, auteur du roman "Quand Marcel et ses amis découvrent la grotte de Lascaux", est revenu sur cette aventure hors du commun et sur l'importance de cette grotte.
Une grotte surnommée "Chapelle Sixtine"
La grotte date d'il y a environ 60 000 000 d'années. Au départ, une couche de calcaire et argileuse va se placer au dessus de la grotte, ce qui va empêcher toutes les infiltrations. On a alors une grotte sèche. Il s'agit d'un spectacle merveilleux, à tel point que l'on va appeler cette grotte la Chapelle Sixtine. C'est l'abbé Breuil, qui est surtout préhistorien de réputation internationale et mondiale, qui va lui donner ce surnom. Il justifie ce surnom car lorsqu'on rentre dans la grotte, nous sommes entourés de dizaines de peintures et de gravures toutes aussi merveilleuses les unes que les autres.
Cette grotte est relativement petite, 235 mètres environ, et on n'y a pas retrouvé uniquement des peintures et des gravures. Les adolescents, eux, n'ont retrouvé que cela. L'abbé Glory, chargé par l'abbé Breuil de faire des relevés, a retrouvé près d'un millier d'objets en creusant : principalement des restes de repas, des lampes, des parures en coquillages,... Les peintures dessinées sur les parois représentent principalement des animaux, beaucoup d'herbivores (bouquetins, cerfs, chevaux,...) et bien sûr la salle des taureaux, où il y a cinq taureaux (des aurochs, une espèce disparue aujourd'hui) au-dessus de vous dont le plus grand mesure 5,60 mètres. Et avec, dans le puits cinq mètres plus bas, une scène et ce qu'on pense être un homme très stylisé avec une tête d'oiseau et un rhinocéros à ses côtés, le seul de toute la grotte.
Une découverte qui commence le 8 septembre 1940
Concernant la fonction de cette grotte, plus on avance et moins l'on est sûrs. L'abbé Breuil disait notamment " Lascaux, comme d'autres sanctuaires du paléolithique, sont des espaces où est établi un lien partagé entre une communauté de vivants, de morts et d'esprits ". Yves Coppens, paléontologue, dit un peu près la même chose avec d'autres mots : " Je croyais rencontrer les homo sapiens, mais non j'ai rencontré leurs dieux et leurs esprits ". On peut donc dire qu'il s'agit d'un sanctuaire. D'autres parlent aussi d'un centre d'observation du ciel, ce qui n'est pas incompatible, mais au final, on ne le saura vraiment jamais.
La découverte de la grotte commence le 8 septembre 1940. Il y a Marcel Ravidat, jeune homme de 18 ans apprenti mécano qui se promène avec son chien Robot. Ils arpentent ensemble la colline qui domine le village de Montignac lorsque tout à coup Robot disparaît et tombe. Marcel l'appelle, le repère et au pied d'un arbre déraciné, il voit un trou. Il y descend, remonte son chien et le tend à ses copains de l'époque. En prenant appui, un trou se creuse, de 20-30 centimètres, et il entend des pierres tomber. Pour eux, c'est évident, c'est le souterrain qui mène du château de Montignac au domaine de La Rochefoucauld, propriétaires du domaine au moment de la découverte. Cette légende du château est racontée depuis longtemps dans la région, mais on parle aussi d'un trésor... le trésor du templier. Tous les enfants de cet âge-là fantasmaient là-dessus. Ce jour-là, il est tard, et les amis décident alors de revenir le jeudi.
La salle des taureaux et le Diverticule axial
Mais le jeudi, l’enthousiasme est retombé et Marcel est le seul à vouloir y retourner. Il s'est fabriqué une lampe avec une pompe à graisse de voiture, il a aussi fait un coutelas avec une lame de ressort de voiture et il part seul. Il croise en partant trois copains (Jacques Marsal, Georges Agniel et Simon Coencas) et leur propose de partir à l'aventure. Ils retournent sur la colline et arrivent à agrandir le trou. Marcel Ravidat se glisse dans ce trou, rampe pendant une quinzaine de mètres et débouche sur une immense salle. A ce moment-là, il repart chercher ses copains. Ils vont traverser la salle (la salle des taureaux) au bout de laquelle il y a un rétrécissement, le Diverticule axial. Au bout de ce rétrécissement, ils vont voir des peintures... avec un mélange de fascination et de peur...
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