La crise sanitaire est-elle en train de se doubler d’une crise sociale ? Les manifestations et arrêts de travail se multiplient en cette fin d’année. Il est vrai après deux ans de calme relatif sous la férule de mesures sanitaires restrictives.
Les travailleurs s’inquiètent de leur pouvoir d’achat alors que la machine économique se remet en marche, atteignant des perspectives de croissance totalement inédites, accentuant encore les pénuries de main-d’œuvre. De son côté, le service public (ou les services au public) craque de partout.
Sous-financement
Les policiers, les gardiens de prison, les magistrats, les enseignants, les infirmiers, les médecins, les pompiers, etc. viennent de rappeler à des degrés divers les manques de moyens qui les touchent.
Les syndicats de police sont engagés dans un bras-de-fer avec un gouvernement fédéral qui se cache derrière sa ministre de l’intérieur. Les prisons et les tribunaux, datant souvent du XIXème siècle tombent en ruine. Le personnel soignant comme le monde de l’enseignement se retrouvent aux confins d’une crise sanitaire à gérer en plus d’un manque de moyens humains et financiers dénoncés depuis de trop nombreuses années.
Il en va ainsi dans la plupart des secteurs publics, de la pénurie d’engagements pour lutter contre la fraude fiscale à ses détecteurs de CO2 promis et qui n’arrivent pas dans les écoles en passant par la surpopulation carcérale ou la ruine de bâtiments publics, etc. Et on ne vous parle pas de l’état des routes…
Cristallisation
La crise sanitaire semble à présent jouer un rôle catalyseur. En trois jours, le pays connaît une manifestation contre les mesures sanitaires, une autre pour le pouvoir d’achat et la grève du personnel soignant dont les préoccupations rejoignent peu ou prou les slogans des deux manifestations !
Les confinements à géométrie variable, les restrictions de libertés mettent les nerfs de chacun à vif, faisant ressortir les frustrations, attisant les blessures sociales comme dissimulées sous la pandémie.
Cette dernière empêche même d’entrevoir de réelles perspectives positives et a même régulièrement douché les espoirs. La vaccination massive devait marquer la fin de l’épidémie. Ce n’est pas le cas.
Les rancœurs accumulées de très nombreux secteurs ressortent en ordre dispersé, sans forcément de liens entre elles mais constituent un terreau revendicatif fertile face à une classe politique classique de plus en plus en démonétisée aux yeux du grand public. Les extrêmes séduisent alors mécaniquement. La radicalité reste très rare dans l’histoire politique de la Belgique, surtout au sud du pays. La crise sanitaire risque-t-elle de nourrir une crise sociale et ensuite une crise politique ?
Réponse après l’hiver et/ou dans les urnes de 2024.