Née en 1948, Anne Queffélec est une pianiste concertiste, lauréate de nombreux concours. Associée à Satie, à Mozart, à Ravel et à Scarlatti, sa discographie est d'une remarquable diversité. Elle est la sœur de l'écrivain Yann Queffélec et la mère du pianiste Gaespard Dehaene.
Le temps occupe une telle place dans le discours d’Anne Queffelec. Désespérée de l’espace que prennent les réseaux sociaux dans nos vies et de la modification des comportements qu’ils induisent. L’immédiateté, la brutalité, la confrontation permanente ; voilà ce dont elle se défie : " je dois probablement vivre en dehors de mon époque ", s’excuse-t-elle.
Le temps, encore. Celui de la musique, qui lui permet de vivre comme une seconde vie, dans une autre temporalité, répondant à sa logique propre où les heures semblent compter double. Voilà ce qu’elle nous confiait il y a quelques années à cette même antenne et que nous avait fait rêver de cette conversation.
Nous la retrouvons aujourd’hui dans son atelier parisien, petit coin de verdure perdu dans la ville, un hortus conclusus, modeste et charmant, entouré de tours gigantesques, d’étudiants qui gravitent ; baignant dans le bruit des voitures et des travaux, où tout fait silence lorsque l’on referme les grilles.
Voilà où l’artiste travaille, écrit et lit. Elle évoque Beethoven, car 2020 fut son année, malgré les forfaits de l’épidémie. Elle parle des femmes dans sa famille, qui furent exceptionnelles. Elle parle de son maître, Alfred Brendel, qui fête ses nonantes ans. Sa parole est un jaillissement, d'une précision et d'une structure sidérantes.