Nous venons d’apprendre le décès de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, figure de proue de la musique contemporaine, ce vendredi 2 juin. Elle avait 70 ans.
C’est un communiqué de la famille de la compositrice qui nous annonce que la compositrice Kaija Saariaho s’est éteinte ce vendredi matin, "paisiblement dans son lit, chez elle, à Paris". En février 2021, on lui avait diagnostiqué un glioblastome, une forme de tumeur cérébrale.
Kaija Saariaho a d’abord étudié dans son pays de naissance, la Finlande, avant de continuer sa formation à l’IRCAM à Paris. Influencée par la musique spectrale et l’informatique musicale de manière plus générale, son style mélange effectifs classiques et musique assistée par ordinateur.
Née en 1952 en Finlande, Kaija Saariaho est une compositrice renommée dans la musique contemporaine. Elle étudie à l’Académie Sibelius auprès de Paavo Heininen, un compositeur lui-même moderniste, reconnu pour son exigence. Avec des amis, elle fonde l’association "Oreilles Ouvertes !". Leur but est de lutter contre les tendances nationalistes de la musique finlandaise de l’époque, en voulant diffuser la musique post-sérielle venue d’Allemagne et de France dans leur pays. Elle fréquente les cours d’été de Darmstadt. Elle s’imprègne de l’avant-garde d’Europe de l’Ouest.
Elle découvre l’école spectrale, ce courant qui naît en France dans les années 1970, et qui désigne une musique dont tout le matériau est dérivé des propriétés acoustiques des composantes d’un son. C’est la mutation du son, le devenir sonore qui est au centre de la recherche du compositeur. La musique spectrale sera pour elle une véritable révélation.
Elle part ensuite étudier dans d’autres pays pour se retrouver finalement en 1982 à l’IRCAM, à Paris, où elle s’est définitivement installée.
Elle développe un style de composition bien à elle, faisant appel aux ordinateurs et mélangeant travail sur bande magnétique avec électronique en temps réel. Elle porte un intérêt significatif aux couleurs et aux textures et s’inspire de la musique spectrale pour composer ses pièces. Elle compose pour des effectifs bien différents, allant de musiques vocales à orchestrales, en passant par la musique de chambre et se tournera vers l’opéra avec son premier en 2000 L’Amour de loin, en cinq actes sur un livret d’Amin Maalouf inspiré de la vie du troubadour Jaufré Rudel (XIIe siècle). Elle compose aussi en 2006 La Passion de Simone, un oratorio pour chœur, soprano, voix parlée orchestre et électroniques, sur un livret d’Amin Maalouf autour de la vie de la philosophe du 20e siècle Simone Weil.
Kaija Saariaho a remporté en 2021 le Lion d’Or de la Biennale musicale de Venise dirigée par une autre compositrice, l’Italienne Lucia Ronchetti. Le 18 mai 2022, la compositrice était également devenue membre associé étranger de l’Académie des Beaux-Arts, en France.