La Communauté Politique Européenne : le nouveau club informel qui ne sert qu’à faire de belles images ?

Premier symbole. Celui de l’unité affichée de tous les Européens face à la Russie. Sur cette photo, il y avait bien sûr les 27 dirigeants des États membres de l’Union européenne mais aussi les dirigeants des États qui toquent à la porte de l’Union, ceux des États qui n’ont aucune envie d’y rentrer, ceux qui en sont partis (ou plutôt celui qui en est parti…) et tous les autres… En fait, c’est toute l’Europe et largement au-delà qui s’est donné rendez-vous à Chisinau, la capitale moldave. Il ne manquait plus que le Président turc Erdogan, excusé et surtout les présidents russes et biélorusses, pas invités.

Second symbole. Le lieu choisi pour cette deuxième rencontre de la CPE : la Moldavie. C’est une ancienne république soviétique aujourd’hui candidate à l’Union européenne. Mais pour Moscou, ça reste l’arrière-cour de la Russie. Le Kremlin y a déjà placé ses pions. Les troupes russes occupent la région sécessionniste de Transnistrie à l’est du pays. Et Maïa Sandu, la présidente Moldave sait qu’à tout moment son pays pourrait se retrouver envahi comme l’Ukraine.

Bref, toute l’Europe soutient la Moldavie et son voisin l’Ukraine et tous ces dirigeants sont venus le dire à un jet de missile de Vladimir Poutine. Même pas peur !

C’est l’un des objectifs mais il y en a un autre, un peu plus flou : faire exister la grande famille européenne, au-delà du format de l’Union européenne, c’est-à-dire sans règle, sans traité, sans agenda… sans pression.

Dans ce grand club informel, on n’est pas non plus trop regardant sur le curriculum démocratique des invités. La Serbie, l’Azerbaïdjan ou la Turquie sont les bienvenus. Tous les dirigeants sont sur un même pied d’égalité. Et visiblement la formule leur plaît. Ils y trouvent quelque chose qui bizarrement n’existait pas encore. Un nouvel espace de dialogue. Discret. Car tout se passe dans les couloirs. Avec des petits miracles à la clé. On y a vu Azéris et Arméniens tenter de recoller les morceaux. Même les Serbes et les Kosovars ont plus ou moins repris langue à Chisinau alors que la tension ne cesse de grimper à la frontière entre les deux pays.

En somme, cette communauté politique européenne, c’est le lieu où les chefs d’Etat et de gouvernement peuvent tout se dire sans trace écrite.

Pour l’instant, ce nouveau forum semble fonctionner en mode arbre à palabre. Les prochaines éditions sont déjà dans les agendas des dirigeants. A Grenade, en Espagne dans 6 mois, la suivante au Royaume Uni. On verra alors si l’enthousiasme des chefs d’Etat et de gouvernement est toujours au rendez-vous.

Le risque, c’est que sans développement, concret, rapide, cet OPNI risque de s’évaporer et disparaître aussi vite qu’il est apparu dans une galaxie européenne déjà très encombrée.